vendredi 5 mai 2023

Le jour où la pluie viendra – Chronique du 6 mai 2023

Bonjour-bonjour

 

Hier une procession a été organisée à Draguignan en présence de l’évêque, pour « demander la pluie » dans une région fortement touchée par la sécheresse. « Nous allons reprendre les traditions de nos anciens et processionner pour demander au Ciel de penser à nous », déclare sur sa page Facebook la paroisse de Draguignan. « Le peuple chrétien prend acte d’une problématique, à l’image du manque d’eau. Et il s’adresse à Dieu pour lui demander son intervention », ajoute l’évêque de Fréjus. (Lire ici)

Le manque d’eau est donc une « problématique », à laquelle le recours à Dieu peut apporter une réponse technique. Curieuse déclaration n’est-ce pas ? Comme si les hommes de Provence, constatant le niveau exagérément bas des nappes phréatiques se disaient « Il faut faire quelque chose. Allons demander à l’église de faire le nécessaire pour que la pluie revienne. »

- On le sait, nos anciens ne raisonnaient pas du tout comme cela ; ils pensaient que l’absence de pluie signifiait que Dieu manifestait son courroux et les punissait en laissant le pays se dessécher. Il fallait donc faire des processions et des prières, mais pas comme on exécute une ordonnance en sortant de chez le médecin, mais bien comme un effort pour changer notre attitude vis-à-vis de Dieu et obtenir ainsi son pardon.

C’est que le monde d’autrefois était un « monde enchanté », comme disait Max Wéber signifiant ainsi que la magie était une technique de salut, alors qu’aujourd’hui le monde est devenu strictement rationnel : aucune finalité à rechercher dans les faits naturels, aucune volonté supérieure, aucun message à nous adressé. C’est vrai. Mais dans le même temps, les évènements qui jalonnent notre vie ont perdu leur sens : ainsi de la maladie, jadis preuve d’une volonté divine de nous sanctionner pour nos excès – et qui frappe aujourd’hui un peu au hasard. Le dernier né est mort ? Autrefois, on aurait pensé que Dieu l’avait rappelé à Lui ; aujourd’hui on se dit que c’est probablement une malformation génétique, ou alors les services médicaux n’ont pas été à la hauteur. 

Nous sommes seuls face à nous-mêmes et à notre raison raisonnante. C’est pourtant dans un rapport personnel avec le monde que nos ainés comprenaient la vie ; ils n’en tiraient pas grande efficacité ; en revanche leur vie n’était pas absurde et ils ne se décourageaient pas d'obtenir des miracles.

Aujourd’hui, seuls les écologistes radicaux parviennent à vivre la Nature comme si elle était un être vivant doué de volonté avec la quelle ils pouvaient se réconcilier.



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