Imaginez ce qu’était une chambre d’esclaves à Pompéi, telle que retrouvée conservée après l’irruption du volcan. Vous pensez à des chaines et des anneaux dans les murs ? À des fenêtres grillagées et à des portes munies de serrures ? Pas du tout. Rien de plus que quelques bocaux dont l’un contenait les restes de deux souris et d’un rat : destinés au repas peut-être ?
Gabriel Zuchtriegel, directeur du parc archéologique de Pompéi répond à notre étonnement : « Il semble que le contrôle ait été exercé principalement par l’organisation interne de la servitude, plutôt que par des barrières physiques et des contraintes » (Lu ici). Et on pense alors au Code noir (1) : toute personne « libre » avait le droit d’interpeler un esclave soupçonné d’être en fuite et de le remettre à la force publique. L’esclavage est un état avant d’être une situation : on naissait esclave et nulle chaine n’était nécessaire pour que l’esclavage soit une réalité. Restait l’aspect superficiel qui signalait le fait de l’esclavage : des vêtements particuliers, comme ceux des prisonniers de Guantanamo ?
Mais non : les esclaves devaient avoir une contenance particulière qui les signalait comme des êtres inférieurs, des êtres soumis et débiles. Si vous ajoutez à cela la certitude des hommes libres que de pareils êtres ne peuvent être libres de leurs mouvements, vous concluez facilement que les chaines et les barreaux sont parfaitement superflus (2).
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(1) Le Code noir édité en 1685 détaillait les droits des maitres à l’égard de leurs esclaves : en fac-similé ici ; commenté ici.
(2) Aristote affirmait que, puisque les esclaves étaient par nature des êtes inférieurs incapables de se diriger seuls dans la vie, leur soumission à un maitre était légitime.
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