Bonjour-bonjour
C’est une émission entendue sur France-culture hier et relayée par cet article : on y trouve des analyses de Jean-Michel Geneste Archéologue du Paléolithique.
Comparant la grotte Chauvet ornée il y a 36000 ans à celle de Lascaux datant d’il y a 18000 ans, Jean-Michel Geneste explique la difficulté de saisir les changements qui se sont opérés entre ces deux dates.
« Ce sont des temps tellement lointains que l’on a du mal à identifier les changements de ces sociétés, de ces cultures parce que les changements se sont faits à un rythme moins important. La vitesse du progrès matériellement sensible, se fait au prorata de l'interaction des intérêts individuels dans des contextes où la démographie nous dit qu'il y avait des quantités d'humains bien plus basses. Le nombre du million d'individus a été atteint aux alentours de 40 000 ans. Avant la grotte Chauvet, il y avait très peu d'interactions et d'évolution, le changement était rare. » (Article cité)
Cette thèse affirme que les mécanismes du progrès des cultures étaient les mêmes qu’aujourd’hui, mais qu’à l’époque paléolithique ces changements se faisaient à des rythmes beaucoup plus lents en raison du faible nombre d’humains vivants sur terre. En effet, 1 million d’humains vivaient sur terre à l’époque de la grotte Chauvet, ce qui implique qu’on devait rarement rencontrer des étrangers pour leur emprunter leurs inventions. On pourrait comparer de façon plaisante cette situation à celle qui serait la vôtre si vous viviez dans le bush australien : à supposer qu’il vous manque un tire-bouchon vous devriez prendre votre avion et parcourir plusieurs centaines de kilomètres pour trouver une porte à la quelle frapper. Les innovations devaient déjà exister lors du paléolithique, mais elles ne pouvaient se rencontrer ni s’additionner
J’aimerais dire que cette façon de considérer le passé lointain en refusant toute coupure entre le lointain passé et notre présent (puisqu’entre les deux il s’est simplement produit une densification de l’humanité) est en totale opposition avec ce qu’on enseignait à l’époque du structuralisme – du temps de Lévi-Strauss. Il se disait alors que l’histoire suppose une accumulation du passé dans le présent et donc que c’est avec ce phénomène que les cultures humaines sont entrées dans la voie du changement historique. Lorsque toute innovation disparait avec son auteur et que la tradition reprend à chaque génération là où elle en était restée, nulle évolution n’est possible et il serait oiseux de s’interroger sur les progrès réalisés entre Lascaux et Chauvet.
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