vendredi 18 août 2023

La mort à 80 km/h ou à 90km/h ? – Chronique du 19 aout

Bonjour-bonjour

 

La période des vacances est propice au bilan des accidents routiers, et en particulier à la comparaison entre la mortalité sur le réseau routier limité à 80 km/h et celle enregistrée sur les routes qui sont repassées à 90km/h, suite à des décisions locales.

- Dans cette interview, Pierre Lagache, vice-président de la Ligue contre la violence routière livre ses observations : « Une étude récente, parue en novembre 2022, de l'Observatoire national de la sécurité routière, a permis de comparer ceux qui sont restés à 80 km/h et ceux qui sont repassés à 90 km/h. On voit qu'il y a une différence de 4 points sur l'évolution de la mortalité sur les routes, soit 75 à 90 vies qui auraient pu être sauvées. Donc, il n'y a pas débat sur l'intérêt de la mesure, le 80 km/h sauve des vies. »

L’objection qui vient à l’esprit est que, si on maintient la fabrication et la vente d’automobiles alors que la vitesse tue, c’est qu’il y a un intérêt supérieur à celui de la sauvegarde de ces vies – Et d’ailleurs, pourquoi maintenir la limite à 80km/h ? si on veut une sécurité plus grande, déplaçons-nous à 30 km/h comme en ville.

Pierre Lagache n’ignore pas l’objection : « (Avec la limitation à 80 km/h) la perte de temps est d'une seconde par kilomètre. Donc, les arguments des départements qui repassent leur réseau à 90 km/h ne peut pas être celui de la perte de temps. » - autrement dit un quart d’heure sur un Paris-Marseille : on ne va pas râler pour ça !

Soit. Mais il y a quand même un problème que monsieur Lagache n’a pas pris en compte : c’est celui de la préséance de la vitesse sur la sécurité et sur la vie. Ou, si l’on veut une formulation plus radicale, le fait que pour un individu quelconque, sa vie ait moins d’importance que … Que quoi au juste ? La rapidité du déplacement ? Le confort ? Le prestige lié au moyen de transport ? Le plaisir de la vitesse ?

 

Si on reprend le cas d’un voyage de Paris à Marseille, on voit que le TGV - sans parler de la vitesse - bat la voiture pour ce qui est de la sécurité et probablement du confort. Reste le prestige : mieux vaut sortir d’une Mercedes en claquant élégamment la portière derrière soi que de descendre d’un wagon de TGV. 

--> Et puis surtout, la probabilité de périr dans un accident sur l’autoroute est suffisamment faible pour paraitre négligeable.

Et si c’était pour entretenir cette négligence que certains se battaient pour des restrictions de vitesse justes suffisantes pour descendre la probabilité d’y laisser sa peau à un niveau acceptable ?

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