"Nous ne sommes pas
parvenus à concilier les Français avec ceux qui les dirigent", a déclaré
le Premier ministre, évoquant "les mots très durs, très violents"
utilisés à l'égard du "gouvernement, des élus ou des fonctionnaires".
"J'ai dû moi-même
apprendre à gouverner avec cette défiance", a-t-il ajouté en évoquant la limitation
de la vitesse à 80 km/h, mesure phare relative à la sécurité routière. "Je
dois apprendre à composer avec l'incompréhension ou le rejet de certains de nos
concitoyens." (Lire ici)
o-o-o
Dénonciation des impôts,
maintien du service public dans les territoires – etc. : on a reproché à
Edouard Philippe de n’avoir, lors de la synthèse du Grand débat, rien fait
d’autre qu’enfoncer des portes ouvertes. C’est qu’on n’a pas été assez
attentifs à ces aveux où l’incompréhension, la déception et la tristesse
transformaient les propos du ministre en confidence intimes.
Prenons l’exemple de la
limitation à 80 km heure, mesure voulue par lui, et violemment attaquée par les
usagers – mais pourquoi ? Edouard Philippe met en cause une mauvaise foi
qui lui attribue un calcul machiavélique visant à utiliser les automobilistes
comme vache-à-lait payant encore et encore – ici des P.V. pour excès de vitesse
liés à cette incompréhensible limitation.
Mauvaise foi des usagers, ou
incompréhension du ministre ? En fait sur le moment, le rejet de la mesure
a été plutôt lié au sentiment d’avoir été méprisé par le pouvoir qui aurait
décidé, depuis ses bureaux parisiens, une limitation qui allait être ressentie
comme une brimade par les gens de la campagne obligés de faire 50 km aller/retour
pour leur travail. Ajoutez à cela la taxe gazole et vous aurez le sens de ce
rejet : sentiment de n’être plus que des citoyens passifs, qui subissent
la loi, et non des citoyens actifs qui en décident. D’où déclaration des Gilets
Jaunes : « Nous sommes le peuple, le pouvoir, c’est nous – et voilà
ce que nous avons décidé : les 80 km/heure c’est fini ! » (1)
Danton et Mirabeau n’étaient pas loin.
On sait que la résurgence de
la mémoire de 1789 et de la révolution n’en est pas restée là, mais pour le
moment tenons bien en vue cette « découverte » : ce que le
pouvoir n’a pas compris ce n’est pas tant la souffrance des Français, mais
plutôt leur colère d’être soumis à un pouvoir vertical au quel ils ne consentent pas.
D’ailleurs quand on doit,
comme le Président Macron, expliquer inlassablement qu’il ne partira pas parce
qu’il est investi du pouvoir par les urnes, c’est quand même un très mauvais
signe.
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(1) On pourrait ajouter la
destruction des radars, montrant que leur fonctionnement dépendait de la bonne
volonté des automobilistes, et que quand ils ont dit « Stop ! »
c’est cela qui arrivait.
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