Durant le débat
de l’entre-deux-tours, Volodymyr Zelensky et le sortant Petro Porochenko se
sont invectivés sous les huées des milliers de partisans réunis au stade
olympique de Kiev.
Malgré ses
près de vingt ans d’expérience de la scène, Zelensky était donné nécessairement
perdant face à un Porochenko expérimenté et décidé à se battre jusqu’au bout.
Ni génial dans la forme, ni très précis sur le fond, l’humoriste a toutefois
montré qu’il avait des tripes, apparaissant tout sauf intimidé et sachant par
moments retrouver les accents de Vasyl Horoborodko, ce professeur d’histoire
propulsé président qu’il incarne à l’écran et à qui il doit l’essentiel de sa
popularité. « Je ne suis pas votre opposant, je suis votre condamnation »,
a-t-il encore lancé avec un art consommé de la formule : « Je suis le résultat
de vos erreurs et de vos promesses non tenues. » (Lire ici)
Populiste ou
non, cet affrontement en Ukraine montre le déplacement des compétences
politique : du cerveau des hommes rompus à la pratique du pouvoir, on le
déplace vers le centre de la personnalité qui est capable de fédérer l’opinion
publique autour de lui.
Telle est la
compétition par laquelle le président sortant bataille contre un homme
inconnu de la sphère politique et qui met sa popularité médiatique au service
de revendications politiques qui ne lui sont pas plus familières qu’aux
citoyens de base. Mais qu’importe ? Aujourd’hui, ce qui compte, c’est la
personnalité et le niveau de moralité des candidats, et peu importe leur
expérience. Mieux même : moins ils sont expérimentés, donc moins ils ont
fréquenté les sphères politiques et mieux ça vaut. On les supposera d’autant
moins corrompus.
On aimerait
presque que l’anonymat des candidats soit préservé, de sorte que seules leurs
personnalités soit révélées, et qu’on reste « sous le voile
d’ignorance » à propos de leur expérience, leur compétence et leur
appartenance politique. Tout ce sur quoi ils peuvent mentir : seuls leurs
beaux sourires et leurs propos enjôleurs pourraient apparaître.
Tout cela, c’est bien ce qui fonctionne aujourd’hui ; mais l’échec et l’entourloupe est le prix à payer pour une telle naïveté. Certains, un peu plus « roublards » disent : regardez plutôt d’où vient l’argent qui finance les campagnes électorales, et vous aurez une idée de l’identité de ceux qui vont tirer profit des élections ; moins le candidat est connu, moins il a de pouvoir au moment de se présenter devant les électeurs, et plus il est vulnérable pour ceux qui manipulent l’élection à coup de millions.
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