samedi 27 avril 2019

LES NICHES FISCALES DES ENTREPRISES QUE LE GOUVERNEMENT POURRAIT SUPPRIMER

Le Medef a jugé «totalement inacceptable» la décision d’Emmanuel Macron, soulignant que «le financement de cette baisse par une suppression de crédits d’impôt (niches fiscales, ndlr) des entreprises [...] revient à augmenter les impôts au moment où les entreprises françaises connaissent le taux de prélèvements obligatoires le plus haut des pays de l’OCDE». (Lire ici)

Point n’est besoin de lire la liste des niches fiscales ou des régimes dérogatoires pour s’étonner de l’inventivité manifestée par les fiscalistes français : il suffit de voir comment la même opération de Bercy apparaît sous un certain angle comme une suppression d’impôt, mais aussi comme une augmentation d’un autre point de vue. Cesser de renoncer à un prélèvement signifie le rétablir donc augmenter la fiscalité ; mais si, dans le même temps on réduit l’impôt de certaines catégories de contribuables, l’opération peut paraître neutre au total.
Vous me suivez ? Non ? Alors lisez ce qui suit :
« L’association Fipeco.fr de François Ecalle, spécialiste des finances publiques, s’interroge d’ailleurs « sur les raisons pour lesquelles l’application du taux réduit de TVA de 10% aux cantines ou aux campings constitue une dépense fiscale alors que l’application du taux de 10% aux œuvres d’art et antiquités ou du taux de 5,5% aux livres et aux droits d’entrée dans les salles de cinéma n’en constituent pas. »
Vu du côté du gouvernement, l’imposition s’appelle « rentrée fiscale » et sa non-rentrée « dépense fiscale » : on dépense ainsi de l’argent simplement parce qu’on a renoncé à le percevoir. Pas mal, non ? A part les banquiers, personne n’avait songé à cela.
Mais ce n’est pas fini : il arrive aussi que la même opération (= exonération fiscale) soit tantôt définie comme « dépense fiscale » et tantôt non : pourquoi ? Comment la désigner ? Mystère et boulle de gomme, exactement comme bon nombre d’autres opérations dont on ne nous dit rien ici.

C’est que Bercy a une arme redoutable : celle de la désunion de ses adversaires. Car chacun d’entre nous crie au scandale quand le fisc lui prend de l’argent, mais trouve tout à fait normal qu’on taxe ses voisins.

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