Sibeth Ndiaye
a rappelé que le président de la République et le Premier ministre avaient
"indiqué qu'il fallait voir comment est-ce qu'on pouvait, en discutant
avec les élus, faire en sorte qu'il y ait une application qui soit peut-être
plus souple ou, en tout cas, qui soit plus adaptée aux réalités du
terrain". (Lu ici)
On pourrait
contester cette volonté d’assouplir l’application d’une mesure qu’on supposera
dictée par la volonté d’empêcher les gens de mourir dans des accidents de la
route. Après tout, si la démocratie impose en effet d’appliquer les mesures de
bien commun qui sont voulues par une majorité de citoyens après négociation, et
de refuser toute autre méthode, en revanche pour ce qui est des décisions
supposées nécessaires de façon scientifiquement établies, là, il n’est besoin
que de spécialistes compétents. Ne s’agit-il pas de cela dans le cas des
accidents routiers, là où les enquêtes de gendarmeries et les statistiques
montrent de façon indubitable que la vitesse des véhicules est un facteur provoquant
– ou en tout cas aggravant – des blessures et des morts ? Même en
démocratie, le bien commun n’est pas seulement ce sur quoi les citoyens sont
tombés d’accord, mais aussi ce à quoi ils doivent consentir.
On aura
compris que le cas de la limitation de vitesse n’est qu’un exemple parmi
d’autres bien plus importants. Quand, lors de l’entrée en guerre de la
Grande-Bretagne Churchill déclara aux Communes qu’il promettait du peuple
« des larmes, du sang et des morts », on comprit bien qu’il ne
déroulait pas là un programme électoral.
Mais
voilà : aujourd’hui le peuple crie aux ministres : « Qu’importe
les accidents ! Ce que nous voulons de sont des larmes, du sang et de la
mort… routière »
(N.B. J’entends
dire que les médecins tirent la sonnette d’alarme à propos de la consommation d’alcool
qui n’aurait pas baissé la guerre. Voilà encore une contradiction entre la
volonté populaire (qui réclame la picole à bon marché) et l’intérêt de la santé
publique, qui veut taxer tout ça.
Mais après « l’accident »
de la taxe diesel, allons-nous risquer les barricades pour réclamer le pinard à 1 euro le litron ?)
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