Bonjour-bonjour
Hier la stupeur a envahi les réseaux : le professeur Caumes, honorablement connu pour la modération et le sérieux de ses déclarations concernant l’épidémie a proposé qu’on laisse les jeunes se réunir dans des grandes fêtes au cours desquelles ils se contamineraient les uns les autres, mettant comme seule limite qu’ils n’aillent pas ensuite faire des bisous à leurs papys-mamies ; l’idée étant qu’en raison de l’innocuité du virus pour la plupart d’entre eux, cela permettrait de créer une population immunisée fort utile pour la pays tout entier. « Allez-y, les jeunes bisez-vous et puis dansez corps à corps, ça vous rendra indestructibles lors de la prochaine vague et on pourra vous mettre au travail pendant que les vieux se cacheront en tremblant dans leurs canapés ».
Hé oui, les jeunes, vous n’aviez pas vu ça comme ça ? Vous croyez être en train de défier les vieux en les poussant allègrement dehors (= dans les Ehpad ou dans le tombeau) pendant que vous récupériez les places au soleil laissées vacantes ? Ça se passera peut-être comme ça, mais n’oubliez pas que dans le même temps certains des vieux en question vous verraient bien en grouillots disponibles en temps de vague épidémique.
- Ne polémiquons pas. Il reste que scientifiquement la proposition du professeur Caumes tient la route… du seul point de vue statistique. Car ne l’oublions pas, du point de vue individuel, les risques de la maladie restent des risques graves, parfois même fatals. Si collectivement les jeunes sont à peu près certains de sortir indemnes de la contamination, individuellement on ne peut pas être certain d’échapper à l’hospitalisation, voire même au décès.
- « S’il n’y a qu’un risque sur cent d’y passer, je ne voudrais pas être ce pauvre type-là qui suffoque en réa pendant que les 99 autres continuent de danser toute la nuit. » Mais cette réaction est celle d’un vieux comme moi, qui cherche à préserver le peu de vie qui lui reste, pas celle d’un jeune gorgé d’énergie vitale. Les jeunes eux, ne feraient pas le même calcul ; en tout cas ce n’est pas cela qu’ils nous montrent. C’est même sur cette constatation que s’appuie la proposition du professeur.
On dirait même que la vie, moins en en a, plus on veut la conserver.
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