lundi 24 août 2020

Où apprend-t-on à vivre ? – Chronique du 25 août

Bonjour-bonjour

 

Autrefois, il y avait deux manières d’éduquer les enfants : en les confiants à leurs parents ou aux précepteurs qu’ils avaient choisi ; ou bien en les mettant à la rue où ils apprenaient à vivre en imitant les voyous qui trainaient par là.

Aujourd’hui, la situation est toute différente : nous avons des structures comme les écoles ou les crèches qui viennent suppléer les parents lorsque ceux-ci ne peuvent le faire faute de temps. La morale républicaine et les usages à respecter entre les hommes est universellement apprise.

Oui, mais dans le présent le plus contemporain il y a aussi d’autres modèles relations sociales qui ont beaucoup d’influence sur l’éducation de nos enfants, ce sont les réseaux sociaux qui leur apprennent à réagir aux autres comme ceux-ci le font entre eux ; l’attirance que ces petits écrans exercent sur les jeunes porte en elle ce phénomène de mimétisme qui est la base de l’apprentissage dans notre espèce.

Mais dans ce cas les exigences sont définies de façon diamétralement opposée par rapport aux coutumes ancestrales ou aux nécessités sociales : les éducateurs républicains dont l’autorité est définie de façon statutaire sont remplacés par les influenceurs qui sont désignés comme étant ceux qui ont le plus grand nombre de followers. Du coup, plus de stratification sociale, plus d’organisation stable et alors les conflits peuvent survenir n’importe où et pour n’importe quelle raison.  L’anarchie menace de régner en tous lieux.

On le verra sur un exemple venu de la psychologie animale. Les spécialistes des poules parlent de la « hiérarchie du coup de bec » qui permet aux poules de savoir de quels individus elles risquent de recevoir des coups et à quelles autres elles peuvent en infliger sans risque de répartie. Cette hiérarchie disparait quand le nombre de poules dans le poulailler est trop grand pour être mémorisé dans une cervelle d’oiseau. Ce sont alors des batailles incessantes où les animaux se blessent au lieu de passer leur temps à pondre paisiblement pour le plus grand bien de l’éleveur.

Hé bien, ne croyez-vous pas que nos petits biberonnés à tweeter ne risquent pas eux aussi de perdre le sens de l’ordre – et donc de la paix – social(e) ?

 

… J’avais pensé d’abord à établir ce raisonnement sur la base d’un fragment de Pascal où il explique que le respect même non justifié par des qualités morales mais seulement par l’usage autoritaire doit être strictement observé car c’est la condition du bon ordre dans la société. Mon histoire de poules m’a paru suffisamment claire pour dire la même chose. Mais que ceux qui en douteraient se reportent au texte : « Le respect est : Incommodez‑vous. Cela est vain en apparence, mais très juste, car c’est dire : Je m’incommoderais bien si vous en aviez besoin, puisque je le fais bien sans que cela vous serve. Outre que le respect est pour distinguer les Grands. Or si le respect était d’être en fauteuil, on respecterait tout le monde et ainsi on ne distinguerait pas. Mais étant incommodé, on distingue fort bien ». Brunschvicg 317 

Et au commentaire ici.

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