jeudi 27 août 2020

La privation d’espérance – Chronique du 28 août

Bonjour-bonjour

 

Hier, Jacinda Ardern, la première ministre de Nouvelle-Zélande a déclaré au procès de Brenton Tarrant responsable du massacre de Christchurch : « J’espère que c’est la dernière fois que nous avons à entendre ou à prononcer le nom du terroriste qui en est responsable », estimant qu’«il mérite une vie de silence total et absolu». (Lu ici)

On comprend ainsi que la prison à vie sans possibilité de sortie est une peine différente des autres peines de prison : alors que celles-ci offrent un horizon de retour à la vie normale avec réintégration dans la communauté une fois « le dette payée », celle-là est un retranchement sans horizon autre que la mort.  Alternative à la peine de mort, elle correspond à peu près au bannissement ou à la relégation dont disposaient (et dont disposent encore) certains systèmes judiciaires dans le monde : tous les droits civiques étant retirés au coupable, les capacités usuelles comme de s’installer pour exercer un métier pouvant lui être refusé, on allait au Moyen-âge jusqu’à l’autorisation, pour quiconque le voulait, de le dépouiller de ses biens et même de la vie. (Art Wiki)

La Nouvelle-Zélande ne va pas jusque-là, mais elle répond à une question fort difficile qui est : « Que fait-on des délinquants quand on ne veut pas les réintégrer dans la communauté nationale ? ». A part la mise à mort, on a beaucoup pratiqué dans l’Antiquité l’exil, et plus proche de nous, la même peine assortie de la déchéance de nationalité. Mais ici en Nouvelle-Zélande, on punit le criminel en l’envoyant en enfer.

- Oui : en enfer. Car si certains croient que la porte de l’enfer est gardée par des démons effrayants, Dante est là pour les détromper. La Divine comédie s’ouvre en effet sur la description de cette porte qui est simplement surmontée d’une inscription : « TOI QUI ENTRE ICI, ABANDONNE TOUTE ESPÉRANCE » - et tout est dit. Le système judiciaire français maintien toujours cette espérance ; même le vieillard condamné à plus d’années de réclusion que la vie ne lui en promet peut toujours croire qu’il sera gracié ou bien que sa peine sera commuée pour raison humanitaire. Mais la prison-relégation n’est pas seulement une privation de liberté ; elle est aussi une privation d’espérance.

Telle est la peine la plus cruelle qu’on puisse infliger à un homme.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire