lundi 10 août 2020

Une de trouvée, dix de perdues – Chronique du 11 août

Bonjour-bonjour

 

Oui, « une de trouvée, dix de perdues »… Cette formule résume assez bien la profession de foi de Don Juan dans l’opéra de Mozart et Da Ponte, récemment diffusée sur la chaine Mezzo dans la mise en scène de Jean-François Sivadier à Aix-en-Provence de 2017. Il faut dire que Philippe Sly qui incarne le rôle-titre nous a séduit avant même de chanter, et s’il finit en slip, ce n’est qu’un artifice de mise en scène dont on se serait bien passé.

 


 

(Image du final de Don Giovanni Aix 2017 – le mieux est quand même d’aller voir – et écouter – l’intégralité du spectacle : c’est ici)

Le maitre séducteur n’a certes pas besoin de se justifier, mais il le fait et il accepte même d’aller sur le terrain de l’adversaire : dans son affrontement avec le Commandeur, la lutte entre l’amour et le désir se joue sur le plan moral. Et Don Juan joue le jeu : vous voulez de la justice ? Et de la rigueur morale ? Alors, demandez-vous qui de vous (amant fidèle), ou de moi (l’ensorceleur), est le plus vertueux. Et Don Juan d’expliquer que son inconstance relève de la justice et de la charité car s’attacher à une seule femme, l’aimer d’un amour fort et fidèle, ce serait refuser à toutes les autres l’amour qu’elles méritent pourtant. Et vous savez quoi ? Nous tous, spectateurs émerveillés, nous le croyons : il suffit qu’il se mette à chanter et nous voilà à ses pieds, lovés dans ses bras, à chercher ses lèvres de velours…

Oui, quand ce vieux barbon dont la rigidité marmoréenne reflète la camisole morale qui l’enferme, détruit le séducteur virevoltant et bondissant nous sommes tristes : lorsque la fidélité triomphe de la séduction, c’est l’amour et c’est la vie qui perdent.

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