samedi 29 août 2020

Danièle Obono caricaturée en esclave – Chronique du 30 août

Bonjour-bonjour

 

La tempête politique soulevée par la publication par Valeurs actuelles (V.A.) d’une caricature de Danièle Obono, députée France-Insoumise, enchainée comme une esclave est à la fois indispensable et en même temps trompeuse. Car dans le même temps où on s’indigne à juste titre de cette caricature, on ne parle pas du texte qu’elle est censée illustrer. Le voici : Valeurs actuelles attaquant les « indigénistes » écrit : « Là où les indigénistes et les reconstructeurs de l’Histoire veulent faire payer le poids de cette insoutenable traite aux seuls Européens, nous voulions rappeler qu’il n’existât (sic) pas d’unité africaine, et que la complexité de la réalité, sa dureté, était à raconter. » Et V.A. d’ajouter perfidement : « Nous avons choisi cette élue car elle participe selon nous, par ses prises de position répétées, à cette entreprise idéologique de falsification de l’Histoire. »

Autrement dit, choisir Danièle Obono pour illustrer cette polémique ne tient pas au fait qu’elle soit africaine, mais seulement qu’elle tienne les propos dénoncés. On aurait pu prendre un député rouquin ça aurait été pareil.

Et en effet : pas de traite d’esclaves sans marchands d’esclaves, les quels étaient bel et bien africains. Quant à la question que les « indigénistes » posent : « Qui doit porter la faute irrémissible de l’esclavage ? », V.A. répond : « Les noirs eux -mêmes ! » Ce qui signifie que nous les blancs, nous n’avons qu’une demie responsabilité ; après tout, nous n’étions même pas sûr que ces nègres soient des être humains : on les baptisait en masse avant de les entasser sur les bateaux : au cas où ils auraient une âme… Mais les autres négriers, les africains, ils étaient les frères de ceux qu’ils vendaient comme du bétail. Nous devons donc, nous les blancs, arrêter de battre notre coulpe pour un crime que nous n’avons pas commis.  

--> Le voilà, nous le tenons, le sophisme de V.A. : car, comment un crime tel que celui de l’esclavage pourrait-il s’absoudre d’une façon quelconque ? La responsabilité d’un crime contre l’humanité pourrait-il se fragmenter ou se dissoudre ? Et le fait qu’il y ait plusieurs criminels empêcherait-il que chacun porte le poids infini de la faute ?

Là était le vrai sujet de l’article de V.A. ; finalement le magazine devrait être satisfait qu’on l’attaque sur la caricature : c’est un sujet bien moins grave que celui de la remise en cause de la responsabilité de l’esclavage.

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