mercredi 5 août 2020

« Œil pour œil … et le monde devient aveugle » – Chronique du 6 août

Bonjour-bonjour

 

Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais j’ai une méfiance viscérale pour ces formules qui séduisent d’emblée, qui persuadent avant même de savoir exactement ce qu’elles veulent dire. Pourtant je considère que cet aphorisme mérite un moment de réflexion, ne serait-ce que parce qu’il dérange un peu notre vision habituelle des choses. Car ici il ne s’agit pas du talion tel qu’on l’entend depuis la Bible, à savoir une règle de droit privé qui concerne des dommages subis et infligés entre particulier, mais bien de la société en général, voire de l’humanité : « le monde ».

Alors certes on se dit que ça ne fait que changer d’échelle, les guerres revanchardes entre États étant aussi interminables que les vendettas entre villageois : les allemands et les français en ont connu trois en moins d’un siècle et on a même dû inventer l’Europe-Unie pour que ça s’arrête. Mais tout compte fait on ne devrait pas passer si légèrement là-dessus. Car si la passion, relayée par la coutume, excuse par avance ce mouvement de balancier de la haine, on devrait quand même refuser cette excuse aux États, supposés un peu plus rationnels. 

 

- On dira que la raison n’a pas sa place dans la détermination des buts poursuivis par les gouvernants : le souci farouche de préserver leur pouvoir suffit amplement à expliquer les méandres de l’histoire. Mais justement : qu’est-ce qui peut affirmer que la poursuite indéfinie de la même guerre est favorable à ce but ? Et puis faut-il croire comme on l’a dit un peu légèrement, que c’est la même histoire qui se répète, la nouvelle guerre ajoutant ses nouveaux morts venus venger les héros de la précédente ? C’était peut-être vrai du temps où les Dieux venaient sur terre pour justifier les passions humaines en les partageant – comme du temps de l’Iliade ; mais voilà qu’aujourd’hui, les promesses de grandeur et de vengeance ne suffisent plus au peuple : le général de Gaulle en a fait les frais lorsque la rue grondait pour obtenir une hausse du SMIC de l’époque pendant qu’il promettait la Grandeur de la France sous sa conduite.

D’ailleurs, dans un monde sans ennemi comme l’est le nôtre allez chercher celui à qui vous aimeriez crever un œil ?

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire