Bonjour-bonjour
Grande nouvelle ! On pourra bientôt remplacer nos organes défaillants par des organes correspondants du porc : plus besoin d’attendre un éventuel donateur ! Une récente greffe expérimentale sur l’humain vient en effet de démontrer qu’un rein de porc convenablement préparé pouvait fonctionner dans un organisme humain ! (voir ici)
Il en résulte pourtant un certain trouble : on croyait la barrière inter-espèces biologiquement infranchissable et voilà que bientôt nous pourrons vivre avec des organes prélevés sur des animaux malgré les interdits culturels qui s’y opposent. Ce n’est pourtant pas nouveau : en 1984 un bébé avait survécu 21 jours avec le cœur d’un babouin – mais rien n’y fait : on ne veut pas y croire. C’est que de puissants tabous s’y opposent : énumérons-les.
- D’abord un tabou religieux. Les juifs comme les musulmans croient que le porc est un animal impur qu’ils interdisent de manger ; alors bien sûr vivre avec leurs organes est impossible.
- Ensuite il y a une hiérarchie des espèces : certains animaux jugés plus proches de nous seraient d’avantage supportables que le porc, animal méprisé et considéré comme inférieur qu’on met sur la table tout rôti sans que cela nous coupe l’appétit
- Mais surtout ces greffes touchent un point extrêmement sensible : celui de notre identité. Nous considérons notre corps comme un tout et non comme un organisme fait d’un assemblage d’organes susceptibles d’être remplacés, comme on remplace par exemple le moteur d’une voiture sans que celle-ci soit transformée. On connait le paradoxe du bateau de Thésée : « Au cours de ses voyages, le bois se brisait ou pourrissait et devait être remplacé. Lorsque Thésée rentra chez lui, le navire qui accosta au port n’avait pas un seul morceau du navire qui en était parti. Malgré tout, l’équipage ne doutait pas que c’était le même bateau. » La réponse la plus simple consiste à dire que l’équipage se trompe et que le bateau a cessé d’être ce qu’il était dès qu’on a changé une seule pièce – idem pour notre corps.
- Il y a pire : nous vivons dans notre corps en le considérant comme étant indissolublement nous-mêmes ; c’est lui qui incarne notre identité. On sait que souvent l’ablation des seins cancéreux plongent les femmes dans une profonde dépression : plus que mutilées, elles se sentent dépersonnalisées. Alors comment ne nous sentirions-nous pas dénaturés en ayant un organe animal en nous ?
- Mais – pire encore – on nous apprend que cette greffe de rein a eu lieu alors que le cochon en question avait été génétiquement modifié pour produire des cellules ressemblant à des cellules humaines afin d’échapper à notre barrière immunitaire (1). Alors que nous allons être « animalisés », l’animal lui, va être humanisé !
Trop, c’est trop !
--------------------------------
(1) On a élevé un porc génétiquement modifié dont les organes sont à priori à l'abri des défenses immunitaires humaines. Ce porc présente comme marqueur à la surface de ses cellules la protéine humaine "TNF alpha-related apoptosis-inducing ligand". Elles sont ainsi protégées in vitro contre les cellules du système immunitaire humain. (Article cité)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire