vendredi 1 octobre 2021

Faut-il renoncer au progrès ? – Chronique du 2 octobre

Bonjour-bonjour

 

Dans notre époque si fertile en débats houleux où des adversaires irréductibles s’affrontent sans jamais se convaincre, il en est un qui ne surgit jamais, et pour une bonne raison : tout le monde est d’accord. Ce débat porte sur la thèse suivante : « Le progrès est révolu parce que, nous ayant mené là où nous en sommes aujourd’hui, il n’y a plus qu’à l’enterrer. » Et en effet, jamais personne ne se lève pour dire « Si le progrès est nuisible, c’est que plus de progrès est nécessaire ».

Certes on trouve bien des esprits cultivés jouer sur les sens du mot : opposant le progrès entendu comme ensemble des découvertes utiles à l’humanité, au progrès couramment entendu comme l'accroissement indéfini de productions industrielles et technologique, elles disent bien que le progrès aujourd’hui consiste à faire à reculons le chemin parcouru sur la lancée du machinisme et des innovations numériques.

Mais voilà un décideur et essayiste qui publie un ouvrage pour défendre l’idée que le progrès doit continuer dans le sens qu’il a pris depuis plusieurs siècles - et même que c’est là la seule possibilité pour sortir du piège mortifère dans le quel nous a fourvoyé le développement incessant du capitalisme et du machinisme. Il s’agit de Denis Olivenne qui fait paraître ces jours-ci « Un étrange renoncement » - ouvrage que je n’ai pas eu l’occasion de lire, mais dont la thèse, même simplifiée retient l’attention tant elle est choquante à l’aune de la pensée dominante, et utile vue sous l’angle plus large de la nécessité d’agir.

Car au fond, qu’est-ce qui empêche de poursuivre un chemin ouvert il y a bien longtemps – et peut-être depuis que l’homme est l’homme – et qui consiste à croire en la capacité d’innovation des humains ? Réponse : depuis que les écologistes se font entendre, on a condamné l’idée selon laquelle « Ce que ce trop peu de progrès détruit plus de progrès le reconstruit ». On citera les méfaits de l’industrie charbonnière aujourd’hui remplacée par l’énergie électrique ; et si le mode de production de cette énergie est à son tour mis en cause, sachons produire de l’énergie non polluante et indéfiniment renouvelable comme nous le laisse espérer la fusion nucléaire. Ceci veut dire que l’interdit jeté sur ces recherches est mortifère et qu’il nous faut des dispositifs intermédiaires pour sauvegarder les progrès acquis en attendant l’apparition des nouvelles découvertes – comme de pérenniser l’industrie automobile sachant que si les batteries posent encore des problèmes, la production et l’utilisation d’hydrogène décarbonnée les résoudront.

Certes, ces nouvelles technologies produiront peut-être encore de la pollution contre laquelle il faudra de nouvelles transitions vers de nouvelles étapes : la vie des hommes est faite de ces transitions écologiques et notre erreur actuelle est de croire que la transition énergétique actuelle doit déboucher sur du définitif.

- Oui, c’est cela notre erreur : nous vivons dans la perspective d’une révolution écologique. Or, dans toute révolution, l’ancien monde est condamné à disparaitre sans laisser de traces et surtout pas dans le nouveau monde à venir. 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire