Quand j’avance ça recule – Chronique du 6 octobre

Bonjour-bonjour

1890 : Michelin invente le pneumatique muni d’une chambre à air.

2021 : Michelin réinvente... le pneu plein : increvable et jamais à plat !

 

 

Pneu plein inventé par Michelin (vu ici)

 

Car tout progrès est porteur d’inconvénients. Le pneumatique en comporte lui aussi, bien connu des automobilistes et cyclistes : le pneumatique peut se dégonfler et il peut crever. Il faut alors le réparer quand c’est possible ou le remplacer et donc également le recycler, opération presque infaisable compte tenu des matériaux hétérogènes dont il est fait.

La solution à ces inconvénients consiste donc à revenir en arrière, au pneu plein et donc reculer de plus d’un siècle – pour avancer vers l’avenir.

Et ne croyez pas qu’il s’agisse là d’une exception qui confirmerait en réalité la règle selon la quelle jamais une avancée ne pourra se faire en revenant à des formules anciennes : pour s'en persuader il suffit de considérer ce projet de réacteurs nucléaires pas plus gros qu’un groupe électrogène mais beaucoup plus puissants, qui est en train de voir le jour à partir des réacteurs de sous-marins (1). Finies les super centrales type Flamanville qui mobilisent des tonnes d’acier rien que pour la cuve de leur réacteur ! Place au réacteur au fond de la grange, à la place du générateur old-fashion. 

En réalité  tout progrès est une avancée et en même temps un renoncement. La preuve la plus flagrante est la survie des disques vinyles qui après avoir complètement disparus devant la diffusion des C.D. reviennent maintenant au premier plan avec leur vieilles tables de lectures. Et pourquoi ? Ici pas de véritable retour à des avantages acoustiques, bien que ces disques restituent parait-il un son plus moelleux et pleine de charme grésillant. Mais ce n’était pas par les oreilles que ces disques étaient regrettés : c’est pour leurs indispensables livrets dans les quels ils étaient livrés. Plein d’images et de textes, ceux-ci mettaient en main la musique, ils faisaient briller les musiciens de façon irremplaçable. D’ailleurs on n’a pas renoncé à appeler les disques compacts des « albums » bien qu’ils n’aient rien de commun avec les véritables livrets illustrés qui emballaient les disques autrefois.

Alors, bien sûr, nous ne sommes pas dupes, ce ne sont là que des survivances d'arrière-garde : bientôt les véhicules ne rouleront plus, ils glisseront en lévitation sur un coussin magnétique ; et la musique en est déjà à l’heure du streaming. Mais restera la nostalgie mélancolique qui nous fait encore regretter les trains à vapeur d’autrefois, avec leur lenteur mais aussi leur panache de fumée.

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(1) Il s’agit des mini-réacteurs SMR (voir ici)