samedi 2 octobre 2021

Y aura-t-il de la dinde à Noël ? – Chronique du 3 octobre

Bonjour-bonjour

 

Cette question, ce sont les consommateurs britanniques qui se la posent, suite à la pénurie de camionneurs qui les privent déjà de carburant. On sait que la pandémie en est la cause, mais ses conséquences ont été aggravées par le Brexit. « Pour tenter de remédier au manque de chauffeurs routiers et de personnel dans les élevages de volailles, et face à la menace de rayons vides à Noël, le gouvernement a assoupli temporairement sa politique d'immigration pour accorder jusqu'à 10500 visas de travail provisoires. » (Lu ici)

 



Voilà une occasion d’observer concrètement en quoi consiste la consommation vitale pour les sociétés contemporaines. On sait que le blé a été une denrée essentielle pour la vie du peuple durant l’ancien régime : la guerre des farines peu avant la Révolution, et puis diverses révoltes frumentaires l’ont montré : ces révoltes sont suscitées par la faim – et la faim résulte (pour l’essentiel) de la pénurie de blé. Aujourd’hui, c’est le carburant qui remplace le blé dans la mesure où la vie matérielle dépend de déplacements en voitures : le mouvement des Gilets jaunes a été à ses débuts l’équivalent d’une révolte frumentaire, raison pour laquelle on l’a comparé à une jacquerie. - Mais alors, pourquoi s’inquiéter de la présence de dindes dans les supermarchés ? Même si ce volatil constitue une pièce de choix dans le processus du réveillon de Noël, elle n’est pas indispensable : on pourrait même sans elle se remplir l’estomac le soir de Noël.

Sauf que Noël, c’est une fête – et que la fête suppose la consommation d’excédents soit sous forme de banquets, soit sous forme de produits de luxe qu’on ne met jamais sur la table le reste de l’année. Rappelons qu’au 19ème siècle le Père Noël apportait une orange, fruit exotique et sans doute très rare et très cher à l’époque : la dinde remplit ce rôle aujourd’hui encore.

Au fond ce que nous voyons, c’est qu’il y a une pluralité de temps sociaux, que l’histoire des échanges n’évolue pas au même rythme que celle des besoins populaires.

Panem et circenses demandaient les romains.

Le plein d’essence et de la dinde de Noël réclament les britanniques.

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