jeudi 28 octobre 2021

Les révolutions attendront – Chronique du 29 octobre

Bonjour-bonjour

 

Les multimilliardaires peuvent sourire : ils ne seront pas taxés à la hauteur prévue par le plan Biden pour financer les mesures sociales et environnementales que celui-ci prévoyait.

 



« Payez votre juste part ! : Joe Biden a répété à trois reprises cette injonction, jeudi 28 octobre, à destination des milliardaires. Cette incantation ne saurait masquer la réalité tombée dans la nuit : le président des États-Unis a bel et bien renoncé à taxer les milliardaires en abandonnant le projet de quasi-impôt sur la fortune. » (Lu ici)


Qui doit payer ? La réponse qui vient à l’esprit est « ceux qui le peuvent » - c’est à dire : ceux qui ont de l’argent – « Faire payer les riches », cette injonction naïve reste obstinément posée. Sauf que dans le monde d’aujourd’hui ce n’est pas la bonne réponse ; n’oublions pas qu'en réalité ceux qui payent sont ceux qui n’ont pas le pouvoir d’empêcher l’État de prélever l’impôt sur leur fortune. Entendu comme cela on n’est plus dans la sphère de l’éthique mais dans celle de la politique, qui s’entend comme domaine du pouvoir.

On sursaute quand même : comment le pouvoir peut-il se concentrer dans ces quelques mains, alors que des peuples innombrables gémissent dans les affres de la misère ? C’est l’occasion de vérifier que la démocratie n’existe toujours pas, y compris dans la première économie du monde : comprenons que l’intérêt général passe derrière l’intérêt des particuliers que sont Jeff Bezos, Elon Musk ... ou Bernard Arnaud (oui, chez nous aussi les politiciens tremblent devant les milliards). 

On se souvient peut-être d’Etienne de La Boétie écrivant dans son Discours de la servitude volontaire : « Ils ne sont grands que parce que vous êtes à genou ». Il considérait le pouvoir de la noblesse confronté à l’impotence de la multitude. D’où vient la puissance ? Les grands dont parlait La Boétie étaient les nobles, leur « grandeur » n’était établie que sur des symboles telle que la noblesse attribuée à la naissance. Il affirmait alors qu’un consentement à la soumission était la seule cause pouvant expliquer les privilèges. Pouvons-nous transposer ce Discours en remplaçant le privilège de la naissance par celui de la fortune ? L’argent à la place du sang bleu ?

Il y a quand même une différence : le sang bleu ne peut se transmettre, en particulier il ne permet pas d’acheter des mercenaires. Bien évidemment c'est cela que l’argent peut faire : en réalité un seigneur ne pouvait acheter des soldats pour mater le peuple qu’à la condition de pouvoir les payer. Or, on pouvait être noble sans être riche. Aujourd’hui le privilège de la naissance n’existe plus, la puissance est toute entière concentrée dans la fortune : même le pape ne pourrait obliger Jeff Bezos à fiancer un plan environnemental.

Au fait, le Pape : combien de milliards de dollars ? 

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