Bonjour-bonjour
Lors de la cérémonie d’intronisation du Président Macron pour son second mandat, le moment de la déambulation présidentielle dans le salon d’honneur pour remercier les nombreux invités présents a spécialement retenu l’attention – en particulier lorsque le Président offrit l’accolade aux parents de Samuel Paty, le professeur décapité par un djihadiste. Il serra même un long moment sur sa poitrine la maman de la malheureuse victime qui sanglotait en lui disant qu’il était le seul à s’être préoccupé d’elle.
Tout le monde s’est imaginé avec envie être à la place de cette pauvre femme. Tout le monde ? Peut-être pas. Mais cette image émouvante a quand même été remarquée – sans doute plus que les poignées de mains, prolongées ou furtives selon les cas, accordées aux responsables politiques. Et le Président le savait bien, lui qui a chèrement payé son « arrogance et son mépris » durant la crise des gilets-jaunes. C’est qu’aujourd’hui, le destin d’un chef d’État se joue dans la rue avant de se jouer dans les urnes ; et pour cela, manifester de l’empathie est la règle. On se souvient peut-être des efforts de Ségolène Royale durant la campagne de 2007 pour se montrer compatissante avec des handicapés en fauteuil roulants : sa raideur avait fait rire. Mais elle avait compris que l’essentiel était bien de manifester de l’émotion parce que là était l’essentiel du pouvoir.
Oui, tous les populistes le savent : se donner est encore plus important que donner. Que le chef donne un banquet pour célébrer sa victoire, c’est bien. Qu’il vienne serrer les mains dans la foule, c’est mieux. Mais ironiser en considérant que c’est là un marqueur du populisme, que les acteurs valables de la politique n’en feront pas usage, en tout cas que cela ne remplacera pas les véritables projets, les arguments rationnels, c’est faire fausse route. Savoir prendre un bain de foule au bon moment avec qui il faut et en présence d’un nombre respectable de caméras, voilà ce qui compte – peut-être pardessus tout.
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