Bonjour-bonjour
Toutes les cérémonies d’auto-congratulation, qu’il s’agisse de la chanson, du théâtre ou du cinéma m’ennuient - ces gens sont contents de faire ce qu’ils font : on est contents pour eux, mais on ne voit pas pourquoi il faudrait assister 3 heures durant à leur auto-satisfaction. Mais parfois il arrive qu’ils nous intéressent un peu plus en nous montrant en quoi consiste leur métier et en quoi ils sont différents de nous.
C’est ce qui s’est passé hier à Cannes lors de la cérémonie du Palmarès. Lisons cet article : « Alors qu’elle s’apprêtait à remettre le prix du 75e anniversaire aux Frères Dardenne pour Tori et Lokita, l’actrice a demandé une faveur au président du jury. « Je me sens un peu seule là. Vincent, tu ne veux pas venir m’embrasser ? »
Le quel n'a pas hésité longtemps à obtempérer :
« C’est ça le cinéma », a ajouté Carole Bouquet, avant de poursuivre son discours. (Article cité)
Nous, on avait cru que c’était un baiser profond – entendez un de ceux qui vous font oublier où vous êtes, au point qu’il faut quelques instants pour retrouver dans quel espace on se trouve et avec qui. Eh bien non : on embrasse Vincent Lindon en claquant des doigts et puis on reprend le taf comme si
- Alors c’est vrai, l’heureux récipiendaire du baiser a quand même déclaré : “C’est un président en nage qui va donc annoncer le prix...”, avant d’être interrompu par Carole Bouquet : “Moi je suis enchantée.” Mais tout cela reste quand même bien édifiant : ce n’est pas parce que c’est du cinéma que ça ne met pas en jeu le corps. Simplement on fait comme si ça n’existait pas.
Ce baiser à supposer qu’il ait eu lieu sur un plateau de cinéma, le réalisateur aurait pu dire : « Allez on le refait. Un peu plus d’entrain, les enfants » Et puis au lieu du baiser on aurait pu avoir une gifle ; ou un verre d’eau jeté à la figure.
Bref : malgré tout ce qu’on peut imaginer, le cinéma c’est avec son corps – pour ne pas dire : avec ses tripes – qu’on en fait. Alors on peut certes mimer la tristesse ou la joie ; mais quand il faut embrasser, pleurer, courir, ou même tout simplement exister : c’est avec son corps qu’on le fait ; et le corps on n’en a pas deux – un pour la vie réelle et un pour le cinéma. Vincent Lindon n’a pas deux bouches pour embrasser. Et c’est avec la même qu’il embrasse sa chérie et qu’il embrasse Carole Bouquet.
Raison pour laquelle, même au cinéma, quand on embrasse Carole Bouquet, on est en nage.
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