dimanche 1 mai 2022

Quand l’actualité ronronne – Chronique du 2 mai 2022

Bonjour-bonjour

 

Quand chaque matin je prends des nouvelles de la nuit, mon chat me rejoint et colle son museau sur l’écran – est-ce pour découvrir avec moi ce qui se passe dans le monde ? 

Les photos qui s’affichent ce matin sur l’écran sont des images des violences contre les pompiers perpétrées hier 1er mai à Paris. Mais mon chat s’en fiche complètement : ce qui l’intéresse c’est bien sûr le déplacement du pointeur de la souris. 

 

Le philosophe s’éveille alors : chacun vit dans son propre monde, même si nous sommes tous plongés dans la même réalité. Ainsi quand une jeune fille agresse un pompier venu éteindre un incendie allumé par ses camarades manifestants, on comprend que nous sommes dans un monde de violences et à l’écoute de ces évènements qui en portent la marque. Et pendant ce temps-là, mon chat, guidé par son instinct de chasseur surveille tout ce qui bouge, le plus infime indice de vie, quand bien même il serait silencieux. Le pointeur de la souris qui se déplace de façon bizarre excite son attention : ces traces sont pour lui la réalité même. Pour mon chat ni image, ni symbole : tout est réel.

On sait que certains animaux sont capables de se reconnaitre dans un miroir : les singes en particulier profitent de se voir pour se curer les dents. Mais justement : aucun symbole ici, aucune fiction. Leur reflet est une réalité pleine, comme le serait la pomme ou la banane déposées devant la porte de leur cage.

Les hommes ont-ils eux aussi la capacité de percevoir la réalité de la même façon tout au premier degré ? Certains artistes le font : je pense en particulier aux peintres. Maurice Denis le disait ainsi : « Se rappeler qu’un tableau – avant d´être un cheval de bataille, une femme nue, ou une quelconque anecdote – est essentiellement une surface plane recouverte de couleurs en un certain ordre assemblées » (Manifeste du « néo-traditionalisme » – 1890) 

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