lundi 23 mai 2022

Êtes-vous tératophile ? – Chronique du 24 mai

Bonjour-bonjour

 

Hier, je me suis refusé à aborder l’évènement médiatique touchant Damien Abad et l’accusation de viols perpétrés sur deux femmes. Ce sujet pourtant brûlant me paraissait trop répugnant pour qu’on puisse en parler avec la distance qu’impose la réflexion.

Et pourtant, pince à linge sur le nez et gants de caoutchouc pour fouiller ces poubelles, les journalistes des chaines 24/24 en rajoutaient, allant même jusqu’à s’interroger sur les dangers que le fait de maintenir monsieur Abad au ministère faisait courir à ses collaboratrices.

 

Pourquoi refuser de traiter ce sujet ? En quoi serait-il plus odieux que les scandales d’abus sexuels régulièrement dénoncés à propos d’hommes de pouvoir ? 

- Parce qu’avec Damien Abad, il ne suffit pas de surmonter tabou de la sexualité pour évoquer le viol : Quand ? Comment ? Dans quelle circonstances ? – Pire : dans quelle position ? Où (dans le lit ? Sous la douche ?) – Par où ? (Bucal ? Vaginal ? Sodomie ?)…

- Tout cela est bien certes obscène, mais dans le cas de monsieur Abad il faut aussi imaginer comment il peut assouvir ses pulsions sexuelles malgré son handicap physique

 

 

Et ça, c’est ce qui nous parait encore plus répugnant que tout le reste : la sexualité des handicapés physique est encore plus tabou que la sexualité « ordinaire ». Ce sur quoi le ministre n’a pas hésité à appuyer : "Toutes les relations sexuelles que j'ai pu avoir dans ma vie ont toujours été mutuellement consenties", ajoutant que, du fait de son handicap qui entrave sa mobilité, les faits qui lui sont imputés étaient "matériellement impossibles".

Pour comprendre ce qui se passe dans notre réaction de dégoût, il nous faut alors pénétrer au plus intime de l’intime, nous représenter le moment où l’accouplement se réalise et concevoir s’il peut se faire sans l’assistance sexuelle du partenaire. Imaginer non seulement les organes qui s’interpénètrent mais encore l’enlacement des corps qui les portent. Corps dont l’un est tordu et difforme, corps dont on détournerait le regard si on le croisait dans la rue et qu’il faut à présent imaginer se collant au corps de l’autre, s’insinuant en lui, bras sans mains s’agrippant, jambes difformes l’enserrant maladroitement, sexe errant, pénétrant comme ça peut.


... Et là, chers amis lecteurs, si vous n’avez pas déjà abandonné votre lecture, le malaise qui vous prend vous donne l’explication du dégoût provoqué par les détails imaginés pour ce cas : il stimule en effet une perversion profondément refoulée qui s’appelle la tératophilie

« La tératophilie fait référence à l'attirance sexuelle envers les monstres ou les personnes déformées. » Cette définition est donnée (ici) par Wikipédia en anglais, la version française n’ayant pas été enregistrée.

Heureusement le cas Abad est là pour nous faire réparer cet oubli. Mais du coup il tape sur nos refoulements, là où ça fait mal.

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