lundi 10 juillet 2023

Fantasme quand tu nous tiens – Chronique du 11 juillet

Bonjour-bonjour

 

La chanteuse Izia est sous le coup d’une enquête pour « provocation publique à commettre un crime ou un délit » pour avoir décrit durant son tour de chant comment lyncher Emmanuel Macron, présentant la chose comme un plaisir qu’on se donnerait.

Bien entendu, oubliant certaines caractéristiques de cet évènement, Izia se défend : « À aucun moment dans mes concerts, je n’incite à la violence ou à la haine. Ce sont toujours des lieux de bienveillance et d’amour, de folie et d’improvisation. C’est juste ça purement et simplement. Cela reste une histoire fantasmée, un moment partagé d’esprit libre, artistique. Ce n’est pas dirigé dans quelque direction que ce soit. » (Lu ici)

Ces dénégations paraitront sans doute un peu de circonstance ; pourtant il y a un trait qui revient systématiquement dans de telles conditions : il s’agit d’un acte artistique, sans autre portée ; et surtout il s’agit d’un fantasme. C'est du moins ce que suggère la seule phrase crédible de cette déclaration : "Cela reste une histoire fantasmée, un moment partagé d’esprit libre, artistique"

 

Selon le CNRTL la psychanalyse nous dit que le fantasme est « une construction imaginaire, consciente ou inconsciente, permettant au sujet qui s'y met en scène, d'exprimer et de satisfaire un désir plus ou moins refoulé, de surmonter une angoisse » Laissant de côté l’aspect angoissé du fantasme, notons qu’il s’agit d’une mise en scène de la satisfaction d’un désir, et avouons que les propos d’Izia décrivant avec force détail comment il faut accrocher le Président et le frapper avec une batte terminée par un clou correspond bien à cette volonté d’inscrire le désir dans le réel. Le propre du fantasme est d’apporter un complément joussif à la réalité, de sorte qu’il peut en effet être perçu comme une invitation à partager cette jouissance.

Cette double apparence du fantasme – à savoir imaginaire et réaliste – est l’occasion d’interroger son interdiction : 

            * Pour l’interdiction : il s’agit d’une provocation à commettre un crime : les mots ont un sens, ils ne sont pas un simple délire et bien des crimes l’ont été sous couvert de réaliser ses fantasmes.

            * Contre : ces propos ne sont que source de plaisir : ils sont à ce titre couvert de l’immunité puisque depuis 68 le mot d’ordre est « Jouissez sans entraves »

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