mardi 3 octobre 2023

Marie Curie, Katalin Kaliko : deux femmes, un seul destin – Chronique du 4 octobre

Bonjour-bonjour

 

Katalin Karikó, la découvreuse géniale du vaccin à ARN-m a été récompensée avec Drew Weissman (co-découvreur du procédé) par le prix Noble de médecine.

Katalin Karikó est d’origine Hongroise ; Marie Curie était Polonaise : la ressemblance ne s’arrête pas là.

 

--> Née en Hongrie,  Katalin Karikó poursuit ses recherches et ses études postdoctorales au Centre de recherche biologique (CRB) de l'Académie hongroise des sciences Mais ce centre est démuni et manque de moyens financiers. (Sur ceci et ce qui suit, voir Wiki)

* Elle quitte la Hongrie, en 1985, avec son mari et sa fille de deux ans. La famille cache toutes ses économies dans un ours en peluche et franchit le rideau de fer. Ayant gagné les États-Unis, elle est recrutée au département de biochimie de l'université Temple dans le domaine des sciences de la santé dirigé par Robert Suhadolnik 

 

Les débuts sont difficiles :

* Son mari, ingénieur lorsqu'il travaillait en Hongrie, assure désormais le ménage ou le gardiennage

* En 1995, elle est écartée de la liste des titularisations, rétrogradée au rang de simple chercheuse. Cette placardisation l'empêche d'accéder au professorat

* Avec Drew Weissman (aujourd'hui co-lauréat du prix Nobel), ils fondent une entreprise. 

* Ayant découvert le principe du vaccin à ARN messager, ils déposent un brevet qui reste la propriété de l'Université de Pennsylvanie, la quelle vend la licence à Gary Dahl, le directeur d'une société de fournitures de laboratoire

* Lorsque Flagship Pioneering, la société qui soutient Moderna Therapeutics la contacte pour négocier une licence sur le brevet, tout ce que Karikó peut répondre, c'est : « Nous ne l'avons pas »

* Tout au long de son cursus, ses interlocuteurs sont dubitatifs : « On me demandait pour quel homme je travaillais, comme si ce n'était pas possible que j'en sois arrivée là »

 

--> Marie Curie était quant à elle, polonaise, et les difficultés qu’elle rencontra ne furent pas moindres, ainsi qu’en témoigne sa biographie (lue ici) :

* Marie Curie souhaitait faire des études supérieures, mais cela est interdit aux femmes dans son pays natal. 

* Lorsque sa sœur Bronia part à Paris étudier la médecine, Marie elle la suit et s'engage comme gouvernante dans une famille de province pour financer le projet de sa soeur.                 

 * C'est à son mariage avec Pierre Curie qu'elle dut de devenir française et de passer l'agrégation.

o-o-o

Marie Curie a parcouru ce cursus à la fin du 19ème siècle ; Katalin Karikó au début du 21ème. Mutatis mutandis, ces deux destins restent étonnamment voisins. Et surtout on voit combien le fait d’être femme complique ces parcours déjà semés d’embûche pour des étrangers.

 

Mais il y a deux différence : 

* Katalin Kariko, victime comme Marie Curie du patriarcat des milieux universitaires, a eu pour elle l’opinion publique, scandalisée par l’injustice dont elle fut victime en tant que femme.

* La même opinion publique a aussi réagi aux graves injustices dues au système américain qui a abouti à la déposséder de la propriété de ses découvertes au profit d’une entreprise incompétente mais disposant du capital pour s’accaparer le brevet.

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