lundi 2 octobre 2023

Le faux nombril des chinoises – Chronique du 3 octobre

Bonjour-bonjour

 

Un passionnant article dans Philosophie magazine de ce mois nous invite à la réflexion sur… le nombril, en nous révélant cette mode aux … faux nombrils arborés par les jeunes chinoises.

 

Faux nombrils : qu’est-ce donc ? 

Voyons à quoi ça ressemble : 

 


Et puis lisons : « Semblables aux tatouages ​​​​éphémères, ces petites bandes adhésives sont placées au milieu du ventre, quelques centimètres au-dessus du vrai nombril, qui est lui-même dissimulé sous un pantalon ou une jupe taille haute. Cette combine permettrait de créer l’illusion d’une silhouette affinée et allongée, deux critères de beauté toujours aussi prépondérants dans le pays. Les proportions corporelles seraient ainsi plus « flatteuses » aux yeux de celles, nombreuses, qui s’y adonnent. » (Lu ici)

 

Maintenant, venons-en à l’analyse de cette tendance à montrer (en apparence) tout en cachant (en réalité) son nombril : que signifie donc pour nous cette partie de notre anatomie ?

« Le nombril évoque une région inconnue, inconnaissable de nous-même, un abîme sur lequel nous reposons sans jamais pouvoir le regarder de front, une faille insaisissable … qui est, dira Derrida, le signe que quelque chose en nous demeure « impénétrable, insondable, inexplorable, inanalysable ». (Réf. citée)

 

- Voilà le tout : alors que les zones de notre corps qui attirent notre attention – zones érogènes mais aussi ouvertures simplement fonctionnelles (nez, oreilles) – sont facilement explorées, le nombril est une pseudo-ouverture, un cul-de-sac, qu’à défaut de pouvoir explorer, nous devons interpréter. Les psychanalystes en font des tonnes sur « ce trou que l’ombilic suture » et on n’y ferait pas vraiment attention si en faisant cela on ne reprenait un mythe célèbre de Platon, lorsque, racontant l’origine de l’humanité, il la concevait peuplées d’être découpés verticalement en deux et dont la faille béante était réparée par la suture du nombril. (Lire ici)

 

Les faux nombrils matérialiseraient donc une tendance paradoxale qui consisterait à montrer tout en cachant ce point si intime de l’être : n’est-ce pas là la définition même de l’illusion ?

Il s’agirait de faire croire qu’on se révèle, comme avec les crop-tops, mais de façon à prendre les voyeurs à leur propre piège : « Tu veux me mater ? Alors, vas-y ; tu ne verras rien de la réalité – mais seulement ton propre fantasme »

Mais on l’a vu plus haut : pour les jeunes chinoises les faux nombrils n’auraient pas cette volonté pour origine ; il s’agirait d’une autre illusion : faire croire qu’elles sont plus grandes qu’en réalité avec ce faux nombril plus haut que le vrai.

Comme quoi une illusion peut en cacher une autre. 

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