samedi 28 octobre 2023

Le temps s’en va, le temps s’en va ma Dame … - Chronique du 29 octobre

 


Bonjour-bonjour

 

Je vous vois, chers amis, épanouis et heureux ce matin pour avoir dormi une heure de plus. Qu’il faut peu de choses pour faire votre bonheur ! Mais les insomniaques ne sont pas comme vous : une heure d’insomnie en plus, merci bien !

Mais ce n’est pas de cela que je vais vous entretenir : il s’agit de l’incompréhension de beaucoup devant la changement d’heure : faut-il avancer les aiguilles de l’horloge ou les reculer ?

Qu’est-ce donc qui avance ? Le temps, ou l’horloge ? Nous sommes devant le même problème de comprendre pourquoi, quand le train démarre, nous ne voyons bouger que le quai. C’est un problème de relativité du temps, pas celle d’Einstein, mais celle de Ronsard : 

 

Le temps s'en va, le temps s'en va ma Dame,

Las ! le temps non, mais nous nous en allons.

Pierre de Ronsard – Sonnet à Marie (lire ici)

 

Mais, une heure de plus sur l’horloge, qu’est-ce ça change ? Oh, bien sûr rien n’a changé depuis hier soir, sauf que je regarde mon horloge avec méfiance : a-t-elle bien enregistré l’heure nouvelle ? Et puis aussi par rapport à quoi on évalue le changement : il n’existerait pas sans point de comparaison. 

- Concernant le temps, nous percevons deux choses : d’une part l’existence de son écoulement, par exemple en constatant les changements enregistrés par notre corps ; et puis l’existence de la durée, par laquelle il nous faut attendre, quelle que soit l’impatience qui nous envahit.

Pour le premier point, on peut relire le Sonnet à Marie où Ronsard explique à une jeune Dame qu’il faut profiter de son corps tant qu’il est jeune pour faire crac-crac avec le poète – tant qu’il le peut encore. Les institut de beauté sont là pour le vérifier : on sait très bien que le temps nous ronge.

Quant à la durée, seule la mémoire et ses sortilèges nous importe.

Sortilège du temps passé restitué comme si la durée n’existait pas : la "madeleine" de Proust est évoquée pour signaler son existence.

Et puis, autre sortilège, le pire peut arriver : nous perdons la mémoire et avec elle l’épaisseur de la durée vécue. Plus de temps ; rien que des instants disjoints dont chacun est à la fois le premier et le dernier. Alzheimer a fait son entrée ; il ne ressortira plus. Pour lui, ne vous fatiguez pas à changer l’heure de vos montres : son cadran ne comporte qu’une une aiguille qui revient à zéro sitôt l’unique instant écoulé.

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