samedi 15 juin 2024

Fête des pères : origine du sur-moi – Chronique du 16 juin

Bonjour-bonjour

 

En ce jour de « Fête des pères » certains orphelins ont tenu de faire savoir combien l’absence de celui-ci a été une chance pour eux. Écoutez par exemple Jean-Paul Sartre dont ce fut la situation : « Par chance, il [= mon père] est mort en bas âge ; j’ai laissé derrière moi un jeune mort qui n’eut pas le temps d’être mon père et qui pourrait être, aujourd’hui, mon fils. … je souscris volontiers au verdict d’un éminent psychanalyste : je n’ai pas de Sur-moi. » - Jean-Paul Sartre – Les Mots 

 

Autrement dit, l’absence de père dégonfle la prégnance du sur-moi qui n’est que l’intériorisation de son autorité.

En fêtant les papas ne fête-t-on pas cette autorité terrifiante ? Ne cultive-t-on pas la culpabilité qui lui est associée et dont le sentiment va empoisonner une vie entière ? En tout cas cette mort précoce qui fit du petit Jean-Paul un orphelin le débarrassa de cet encombrant sur-moi qui châtie bien plus souvent qu’il ne récompense.

Seulement aujourd’hui la terrifiante colère jupitérienne qu’incarnait autrefois la puissance paternelle ne s’exerce plus ; les petits garçons – ou fille – ne redoutent plus le retour du paternel à la maison après une journée de travail : il a bien autre chose à faire que décrocher le martinet pour en fouetter le garnement désobéissant.

Et du coup : plus de culpabilité, juste le souci de ne pas se faire prendre les doigts dans le pot de confiture ?

 

… C’est là que la théorie trébuche dans la réalité : c’est que si cette autorité culpabilisante et castratrice n’est plus exercée par le père, ça ne veut pas dire qu’elle ne s’exerce plus du tout.

La mère, le « grand frère », l’entraineur de foot, bref tous ce gens dont le jugement est nécessaire pour que le petit se sente confirmé dans son existence, tous possèdent ce pouvoir de juger et donc de réduire à néant le petit d’homme. Pour ma part le sentiment de n’être plus aimé par mon père est la toute première expérience du néant que j’ai eue.

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