Bonjour-bonjour
Parmi les choses que vous n’aviez pas vu venir ces temps-ci, il y a probablement le renouveau du « Front populaire » ou du moins de l’usage de cette formule.
- Les uns crient au détournement sacrilège de la formule qui évoque le combat livré en 36 par les ouvriers et la classe populaire dans son ensemble et qui de nos jours ne constitue qu’une opération de markéting ; les autres y voient au contraire un authentique sursaut populaire faisant appel aux mêmes mécanismes qu’en 1936.
- Je passe les analyses des historiens que vous trouverez aisément, par exemple ici. La question qui reste est de savoir si l’actuelle coalition électorale qui porte ce nom a des objectifs qui sont raccord avec ceux qui sont affichés par la gauche autrefois unie sous ce label.
- Le résumé du programme le laisse penser (mutatis mutandis) : « une politique de relance par la consommation, dont on espère la reprise de la production, la réduction de la thésaurisation et le retour de la croissance : « réduction de la semaine de travail sans réduction du salaire hebdomadaire », « plan de grand travaux d'utilité publique », création d'un « fonds national de chômage » et d'un régime de retraite pour les vieux travailleurs. À cela s'ajoute en matière agricole la mise en place d'un Office national des céréales destiné à régulariser le marché et lutter contre les spéculateurs. » (Article référencé) Les Gilets-jaunes ne sont pas loin ; leur échec non plus.
- Ensuite on peut se demander si le contexte de l’époque permet de faire une telle comparaison sans escroquerie historique.
Car en 36 la gauche était soumise à des contraintes qu’on ignore aujourd’hui : d’abord l’existence d’un PCF pour qui la coalition électorale constitue une trahison des idéaux révolutionnaires qui sont les leurs. Ensuite de l’existence de pays fascistes dont la menace se faisait de plus en plus sentir.
- Reste qu’en 1936 comme aujourd’hui, le peuple est prêt pour une immense espérance, prêt à croire que la misère peut disparaitre à condition de faire payer les riches ; et aussi (et surtout) que la fraternité entre gens du peuple est là, toute prête à rassembler tous ceux qui travaillent sans jamais pouvoir en vivre.
Karl Popper disait qu'un énoncé était métaphysique lorsqu'il ne pouvait être "falsifié" par les faits expérimentaux. De même on dirait qu'une lutte ne cesse pas d'être actuelle même lorsqu'elle a échoué dans son combat, parce qu'elle est animée par la quête d'un idéal.
- Quoi d’étonnant à voir les idéaux survivre à l’époque ? Ils n’ont pas d’histoire.
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