mardi 4 juin 2024

Paris, village Potemkine – Chronique du 5 juin

Bonjour-bonjour

 

Regardez cette photo :

 


De qui s’agit-il ? De touristes démunis arrivant furtivement en région parisienne ? Des étudiants rentrant chez eux ? Non, pas tout à fait : il s’agit de SDF expulsé d’un squat – ça se passe à Vitry-sur-Seine ; et c’est à l’occasion des J.O.

Vous lirez ici le détails de cette information, je n’en retiendrai que ceci : à Paris on n’aime pas montrer aux touristes venus du monde entier pour les J.O. le spectacle de la misère qui existe en France ; au lieu de mettre tous ces gens à l’abri on préfère les envoyer trainer leur misère loin, très loin de Paris.

Le procédé n’est pas nouveau, il a été noté au Qatar lors de la coupe du monde de football, et la légende des villages Potemkine sert encore aujourd’hui à les décrire.

« L'expression « village Potemkine » désigne un trompe-l'œil à des fins de propagande.

Selon une légende historique, de luxueuses façades en carton-pâte auraient été érigées à la demande du ministre russe Grigori Potemkine afin de masquer la pauvreté des villages lors de la visite de l'impératrice Catherine II en Crimée en 1787. » explique Wikipédia (ici)

 

Si on peut reprendre cette expression pour les Jeux de Paris, c’est qu’on se doute bien que l’opulence montrée lors de cet évènement est factice et qu’elle ne durera pas un jour de plus lorsqu’ils seront terminés. Mais c’est aussi qu’il s’agit du même mouvement de refus de la misère : insoutenable. Sauf qu’il ne s’agit pas de charité, bien au contraire. 

J’explique : si la misère vous fâche, vous avez deux solutions : soit vous la combattez, en offrant par exemple aux sans-logis un foyer d’accueil ; soit vous la faites disparaitre d’une autre façon de nos rues – par exemple en chassant les miséreux, comme à Nice où on a trouvé la solution qui consiste à attraper les SDF du centre-ville et à les emmener très loin dans des bois où on les relâche sans moyen de transport. Et vous créez ainsi des semblants de villes opulentes où tous les habitants jouissent d’un logement et des ressources nécessaires à une vie décente.

« Cachez cette misère que je ne saurais voir »… Comme si on se sentait appauvri du spectacle de la pauvreté. Il y aurait donc de l’empathie là-dedans ?

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