C’est Bogdan Calinescu (Roumain qui, devenu Français, publie
sous le pseudo de Nicolas Lecaussin) qui proclame cela. Et pour cause :
durant toute sa jeunesse il a suivi les cours obligatoires de
marxisme-léninisme dans les écoles et les universités roumaines. Mais il y a
mieux : tout cela était pratiqué à la lettre dans la Roumanie communiste.
« À l'époque, j'étais très loin de réaliser
que toutes ces inepties autour du matérialisme historique, de la lutte des
classes, de la dictature du prolétariat ou de la fin du capitalisme avaient
condamné des peuples entiers à la misère et à l'abêtissement, tout en obtenant
en Occident l'adhésion de beaucoup d'intellectuels » écrit Nicolas Lecaussin.
Occasion de faire un
petit retour sur le mai-68 dont le souvenir nous enchante, 50 après.
Oui, ce souvenir est un peu sélectif : on parle bien
encore de la passion révolutionnaire qui habitait les étudiants qui
manifestaient contre l’ordre bourgeois. Mais il ne faudrait pas oublier ce dont
parle notre auteur : le
matérialisme historique, la lutte des classes, la dictature du prolétariat
revendiqués dans les A.G. et les amphis de la Sorbonne occupée. Il n’est que de
se rappeler les disputes qui opposaient les marxistes-léninstes orthodoxes et
les trotskistes pour retrouver les germes d’une dictature. Un seul
exemple : celui qui tentait une comparaison entre les fours crématoires
nazis et le goulag soviétique était mis au ban du groupe. D’ailleurs en 1968
l’œuvre de Soljenitsyne n’était pas encore connue, et celui qui dénonçait les
camps de travail était encore vu comme un complice de la bourgeoisie. Le bilan
du régime soviétique était décrit vu comme « globalement positif »
(1).
Aujourd’hui il est devenu assez difficile de trouver en
libraire les œuvres de Kar Marx, et le souvenir des analyses politiques d’il y
a 50 ans a bien pâli. Mais il ne faudrait quand même pas que cela entraine une
dénégation : se rappeler quel était l’écart entre les revendications de la
rue et la réalité politique et économique.
-----------------------------
(1) Citation de Georges Marchais, secrétaire général du parti communiste. C’est le 13 mai 1979 que le parti communiste publie une résolution finale qui contient ces lignes de la main de Georges Marchais, Secrétaire Général du parti : « À la question de savoir quel est aujourd’hui l’apport du socialisme au mouvement historique des pays concernés et à l’humanité dans son ensemble, nous répondons : le bilan des pays socialistes est globalement positif. » Au mois d’avril précédent, Georges Marchais n’avait pas hésité à condamner le « totalitarisme giscardien. »
(1) Citation de Georges Marchais, secrétaire général du parti communiste. C’est le 13 mai 1979 que le parti communiste publie une résolution finale qui contient ces lignes de la main de Georges Marchais, Secrétaire Général du parti : « À la question de savoir quel est aujourd’hui l’apport du socialisme au mouvement historique des pays concernés et à l’humanité dans son ensemble, nous répondons : le bilan des pays socialistes est globalement positif. » Au mois d’avril précédent, Georges Marchais n’avait pas hésité à condamner le « totalitarisme giscardien. »
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire