dimanche 6 mai 2018

« KARL MARX ? JE L'AI BIEN CONNU ! » (Nicolas Lecaussin)

C’est Bogdan Calinescu (Roumain qui, devenu Français, publie sous le pseudo de Nicolas Lecaussin) qui proclame cela. Et pour cause : durant toute sa jeunesse il a suivi les cours obligatoires de marxisme-léninisme dans les écoles et les universités roumaines. Mais il y a mieux : tout cela était pratiqué à la lettre dans la Roumanie communiste.
« À l'époque, j'étais très loin de réaliser que toutes ces inepties autour du matérialisme historique, de la lutte des classes, de la dictature du prolétariat ou de la fin du capitalisme avaient condamné des peuples entiers à la misère et à l'abêtissement, tout en obtenant en Occident l'adhésion de beaucoup d'intellectuels » écrit Nicolas Lecaussin.

Occasion de faire un petit retour sur le mai-68 dont le souvenir nous enchante, 50 après.
Oui, ce souvenir est un peu sélectif : on parle bien encore de la passion révolutionnaire qui habitait les étudiants qui manifestaient contre l’ordre bourgeois. Mais il ne faudrait pas oublier ce dont parle notre auteur : le matérialisme historique, la lutte des classes, la dictature du prolétariat revendiqués dans les A.G. et les amphis de la Sorbonne occupée. Il n’est que de se rappeler les disputes qui opposaient les marxistes-léninstes orthodoxes et les trotskistes pour retrouver les germes d’une dictature. Un seul exemple : celui qui tentait une comparaison entre les fours crématoires nazis et le goulag soviétique était mis au ban du groupe. D’ailleurs en 1968 l’œuvre de Soljenitsyne n’était pas encore connue, et celui qui dénonçait les camps de travail était encore vu comme un complice de la bourgeoisie. Le bilan du régime soviétique était décrit vu comme « globalement positif » (1).
Aujourd’hui il est devenu assez difficile de trouver en libraire les œuvres de Kar Marx, et le souvenir des analyses politiques d’il y a 50 ans a bien pâli. Mais il ne faudrait quand même pas que cela entraine une dénégation : se rappeler quel était l’écart entre les revendications de la rue et la réalité politique et économique.
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(1) Citation de Georges Marchais, secrétaire général du parti communiste. C’est le 13 mai 1979 que le parti communiste publie une résolution finale qui contient ces lignes de la main de Georges Marchais, Secrétaire Général du parti : « À la question de savoir quel est aujourd’hui l’apport du socialisme au mouvement historique des pays concernés et à l’humanité dans son ensemble, nous répondons : le bilan des pays socialistes est globalement positif. » Au mois d’avril précédent, Georges Marchais n’avait pas hésité à condamner le « totalitarisme giscardien. »

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