De l’émotion encore de l’émotion –
toujours de l’émotion !
Le jeune homme qui a sauvé un petit garçon d’une terrible
chute s’est confié au Parisien. « Je l’ai fait parce que c’était un
enfant, nous a-t-il dit. J’aime beaucoup les enfants. » Lu ici
Il a été reçu lundi matin par Emmanuel Macron.
Déjà, pour attester que nous sommes là en présence d’un
effet émotionnel, il n’y a qu’à remarquer qu’on ne parle pas du tout de l’homme
qui est à droite sur la photo, celui qui tient l’enfant : pourquoi n’est-il
pas considéré comme « co-sauveur » du petit, alors qu’il le tient
fermement et que même sans l’homme araignée il aurait pu le mettre hors de
danger ? Il nous faut un héros et celui qui a escaladé la façade doit
aussi être parvenu tout seul au but.
Un héros donc pour le quel les larmes de l’émotion coulent
encore. D’ailleurs comme de juste il n’y a pas de héros sans anti-héros : c’est le père qui va
jouer ce rôle ; ce salaud a laissé le petit tout seul – pour faire quoi ?
Pour faire des courses ? Pas seulement, car sur le chemin du retour, au
lieu de se précipiter chez lui et arrêter son enfant qui escalade le balcon, il
va jouer au Pokémon Go, prouvant par là son immaturité.
Bref : allons à l’essentiel : tout ce que fait un
Président est politique : quel sens donner donc à cette réception à
l’Elysée d’un pauvre migrant sans papier ? S’agit-il de profiter de
l’émotion positive engendrée par cet exploit pour « poser sur la
photo » à côté du héros ? Ou bien de montrer qu’on peut être à la
fois Jupiter et soucieux de la vie de chaque français ?
Peut-être mais c’est bien court de vue. Car monsieur Macron
l’a dit en présence de Mamoudou Massama, c’est l’acte exemplaire qu’il retient ;
il faut se rappeler de son appel à l’héroïsme susceptible de donner un horizon
de transcendance à la vie sociale. Oui, nous avons besoin de « héros
français » eux seuls sauront nous donner l’élan pour partir chaque matin à
la conquête de nouvelles frontières, pour apporter ce surplus d’énergie sans le
quel notre société restera croupissante et geignarde.
Et qu’importe que ces héros soient des rockers ou des
maliens sans-papier ?
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