mercredi 9 mai 2018

APRÈS LA MORT DE NAOMI L'OPÉRATRICE DU SAMU SUSPENDUE

Le parquet de Strasbourg a ouvert mercredi une enquête pour non-assistance à personne en péril, après la mort de la jeune femme, prise en charge tardivement par les urgences après avoir été raillée au téléphone par une employée du Samu. (A lire ici)

Il est 11 heures ce vendredi 29 décembre. Naomi appelles le 15 (numéro des urgences)
- Allo, le SAMU ?
- Oui, qu’est-ce que vous lui voulez au SAMU ?
- J’ai très mal au ventre, je vais mourir !
- Oh, et bien oui, vous allez mourir. Mais nous allons tous mourir vous savez.
- Mais j’ai très mal, ça ne va pas du tout.
- Eh bien téléphonez à votre médecin, si vous ne le faites pas vous-même, qui donc va le faire ?
Une amie découvre peu après Naomi baignant dans son sang et obtient la venue du médecin à 14 h. Elle décède à l’hôpital à 17h30.
Depuis la famille ayant eu l’enregistrement de la communication téléphonique entre Noami et le SAMU le scandale est devenu tel que la ministre de la santé a pris en charge la situation et a diligenté une enquête.

Scandale et indignation.
- Imaginons un instant que nous soyons dans la peau de l’opératrice en question. Supposons-là ni meilleure ni pire que ses collègues, juste un peu énervée comme ça arrive parfois, un peu trop d’adrénaline, un compagnon un peu grognon, ses ragnagnas qui viennent de débarquer, que sais-je ? En tout cas, la voilà clouée au pilori comme jamais : cette conversation qui aurait dû rester secrète est désormais répandue partout, et chacun de s’indigner avec la meilleure foi du monde.
Alors, déjà, demandons-nous si nous aussi nous n’avons pas parfois des réactions dont nous devrions avoir honte, mais que nous oublions facilement parce que personne à part nous – et peut-être notre interlocu.teur.trice – n’en a eu connaissance. Tant qu’on peut oublier : on oublie. Et puis raisonnons un peu : cette opératrice n’est pas le SAMU comme on l’écrit partout : elle n’est chargée que de répartir les demandes en fonction de leur gravité évaluée selon des critères prédéfinis. Certes, on lui reproche de ne pas avoir orientée cette femme vers un médecin qui aurait eu une écoute mieux informée ; et oui, elle connaissait une batterie de questions destinées à serrer d’un peu plus près la gravité de ces symptômes. Mais voilà : au téléphone il y a une femme qui pleure en se plaignant de douleurs au ventre ; à tous les coups elle a des règles douloureuses : Prends un doliprane chérie et pense à autre chose. Banal...
Mais révélateur : demandons-nous si dans la formation des opératrices CTA (1) il n’y a pas aussi une étape qui consiste justement à évacuer ce genre de demande vers le médecin de ville (2) ? Bref, est-ce que le SAMU n’aurait pas, tout en fonctionnant « normalement », loupé ce cas et laissé mourir dans les heures suivantes cette malheureuse jeune femme ?
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(1) Centre de Traitement des Appels
(2) Ce que cette employée du SAMU a fait en communicant le numéro de SOS médecin.

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