Le parquet de
Strasbourg a ouvert mercredi une enquête pour non-assistance à personne en
péril, après la mort de la jeune femme, prise en charge tardivement par les
urgences après avoir été raillée au téléphone par une employée du Samu. (A lire
ici)
Il est 11
heures ce vendredi 29 décembre. Naomi appelles le 15 (numéro des urgences)
- Allo, le
SAMU ?
- Oui, qu’est-ce
que vous lui voulez au SAMU ?
- J’ai très
mal au ventre, je vais mourir !
- Oh, et bien
oui, vous allez mourir. Mais nous allons tous mourir vous savez.
- Mais j’ai
très mal, ça ne va pas du tout.
- Eh bien
téléphonez à votre médecin, si vous ne le faites pas vous-même, qui donc va le
faire ?
Une amie
découvre peu après Naomi baignant dans son sang et obtient la venue du médecin à 14 h.
Elle décède à l’hôpital à 17h30.
Depuis la
famille ayant eu l’enregistrement de la communication téléphonique entre Noami
et le SAMU le scandale est devenu tel que la ministre de la santé a pris en
charge la situation et a diligenté une enquête.
Scandale et indignation.
- Imaginons
un instant que nous soyons dans la peau de l’opératrice en question.
Supposons-là ni meilleure ni pire que ses collègues, juste un peu énervée comme
ça arrive parfois, un peu trop d’adrénaline, un compagnon un peu grognon, ses
ragnagnas qui viennent de débarquer, que sais-je ? En tout cas, la voilà clouée
au pilori comme jamais : cette conversation qui aurait dû rester secrète
est désormais répandue partout, et chacun de s’indigner avec la meilleure foi
du monde.
Alors, déjà, demandons-nous
si nous aussi nous n’avons pas parfois des réactions dont nous devrions avoir
honte, mais que nous oublions facilement parce que personne à part nous – et
peut-être notre interlocu.teur.trice – n’en a eu connaissance. Tant qu’on peut
oublier : on oublie. Et puis raisonnons un peu : cette opératrice
n’est pas le SAMU comme on l’écrit partout : elle n’est chargée que de
répartir les demandes en fonction de leur gravité évaluée selon des critères
prédéfinis. Certes, on lui reproche de ne pas avoir orientée cette femme vers
un médecin qui aurait eu une écoute mieux informée ; et oui, elle
connaissait une batterie de questions destinées à serrer d’un peu plus près la
gravité de ces symptômes. Mais voilà : au téléphone il y a une femme qui
pleure en se plaignant de douleurs au ventre ; à tous les coups elle a des
règles douloureuses : Prends un
doliprane chérie et pense à autre chose. Banal...
Mais
révélateur : demandons-nous si dans la formation des opératrices CTA (1) il
n’y a pas aussi une étape qui
consiste justement à évacuer ce genre de demande vers le médecin de ville (2) ?
Bref, est-ce que le SAMU n’aurait pas, tout en fonctionnant
« normalement », loupé ce cas et laissé mourir dans les heures suivantes
cette malheureuse jeune femme ?
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(1) Centre de
Traitement des Appels
(2) Ce que cette employée du SAMU a fait en communicant le numéro de SOS médecin.
(2) Ce que cette employée du SAMU a fait en communicant le numéro de SOS médecin.
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