GOOGLE PLANCHERAIT SUR UN CASQUE DE RÉALITÉ AUGMENTÉE

"Après les casques DayDream View et les lunettes connectées, Google serait en train de plancher sur un casque de réalité augmentée capable de superposer du contenu virtuel sur le monde réel, semblent indiquer des documents qu’a pu se procurer le site allemand WinFuture." (Vu ici)

 Dès qu’on parle d’augmenter la réalité, le philosophe sursaute : qu’est-ce qu’on peut donc ajouter à la réalité pour dire qu’on l’augmente ?  Je peux bien transformer l’image, mais sûrement pas la réalité. Si je vois un homme apparaitre sur le trottoir, là, devant moi, mais qu’en réalité justement il n’y est pas, alors je dirai non pas que j’ai augmenté la réalité, mais bien que je l’ai déformée.

Car voilà l’essentiel : qu’est-ce qui manque donc à la réalité pour qu’on puisse l’augmenter ?

- Certains dirons que tout ce vers quoi leur désir les oriente n’existe pas vraiment : tout cela n’est que fantasme, objet-a (1) etc. Ainsi ce que nous appelons « réalité » est en fait le réel recouvert d’une fine couche de fantasme qui le transforme et en fait un monde cohérent avec nos attractions/répulsions. Dans cette mesure, la réalité augmentée n’est autre que ce milieu mixte subjectif/objectif dans le quel on injecte un peu plus de subjectivité.

- D’autres diront avec un peu moins d’imagination que la réalité qui peut être augmentée n’est pas la réalité de l’instant (pour celle-là, nul casque n’est nécessaire), mais la réalité telle que projetée. Ainsi, de l’immeuble que l’architecte projette de construire et qui apparait là, miraculeusement déjà implanté dans le quartier, et qui apparaît aux acheteurs éventuels grâce au casque de réalité virtuelle

Mais surtout je me demande quel intérêt on peut trouver à porter de telles lunettes qui nous désadaptent de la réalité dans la quelle il nous faut vivre et survivre. Car ce qu’on apprend au cours de la vie, n’est-ce pas justement qu’il ne faut pas prendre nos désirs pour la réalité et que tous les sages depuis les stoïciens nous conseillent de chercher à changer nos désirs plutôt que le monde ?

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(1) Dans l'enseignement de Jacques Lacan, l’objet a (lisez « objet petit-a ») désigne l'objet correspondant au désir, qui ne correspond à aucun objet réel. (Art. Wiki)