« Le colonel Beltrame est mort parce que la France, ce sont
des idées, des valeurs, quelque chose d’une guerre qui le dépasse », a déclaré Emmanuel
Macron interviewé pour un documentaire télévisé à l’occasion du premier
anniversaire de son mandat
Or, selon lui, « les gens … qui pensent que le summum de la
lutte c’est les 50 euros d’APL… ne savent pas ce que c’est que l’histoire de
notre pays ». (Lu ici)
Mettez un philosophe au pouvoir : voilà ce que ça
donne…
Ça donne un conflit de valeurs : valeur transcendante
(la Liberté dans l’Histoire) contre valeur immanente (l’argent comme moteur de
l’action humaine). Là dessus on attend un débat philosophique sur l’existence
et la nature du « moteur de l’histoire », quelque chose comme
Rousseau versus Marx.
Je prendrai quant à moi un chemin différent : est-on
sûr que, comme l’affirme le Président Macron, l’histoire – celle des historiens,
pas seulement celle dont rêvent les philosophes – confirme que la lutte du
peuple français ait été systématiquement un combat pour se libérer ? Que
sa quête obstinée, celle des bourgeois dans les villes, celle des paysans et de
leurs jacqueries, ait été contre l’oppresseur qui limitait ses libertés ?
Je crois qu’il n’en va pas ainsi, et que partout la lutte populaire a été
prioritairement contre l’impôt ou les taxes puis secondairement contre les
privilèges qui exonéraient certaines classes de les payer. En 1789, avant de
lutter pour leurs libertés, les paysans comme les sans-culotte ont cherché à
abolir ces privilèges-là, au nom de la justice sociale.
Et de nos jours, alors que le Pouvoir nous serine
inlassablement qu’il faut faire toujours plus d’argent et que le travail sert à
ça, voilà qu’on vient nous dire- « Au fait, n’oubliez-pas le sens de
l’histoire : vous devez aussi vous mettre au service de la Liberté !
Devenez-en des héros, et du coup – même si ça n'a pas de rapport – délaissez ces
revendications de boutiquier ! »
Oui : un philosophe au pouvoir, ça donne ça.
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