Bonjour-bonjour
L’obligation du pass : à quelques mois de la présidentielle, le chef de l’État n’hésite pas à cliver : malgré la fronde estivale contre sa stratégie sanitaire, il reste largement soutenu par l’électorat qui pourrait lui être favorable en 2022. (Lu ici)
- Oui, chers amis, vous avez bien lu : alors qu’en France la question la plus grave du moment est de savoir si nous saurons endiguer la nouvelle vague de la pandémie et aussi si nous saurons sortir définitivement de cette maladie, on lit dans Le monde, noir sur blanc, que le souci premier du Président serait d’assurer sa réélection en 2022 et qu’il ne prendrait ses décisions qu’après avoir considéré leur impact sur son électorat potentiel.
On peut s’offusquer de cette lecture de la vie politique, considérant qu’il ne s’agit là que de commentaires de presse qui n’engage ni l’objectivité ni la vérité mais seulement l’opinion d’un chroniqueur ; néanmoins, ne doit-on pas croire Machiavel lorsqu’il dit que la duplicité, qui confère à chaque action politique un double sens, est constituante de l’action du Prince ? Qu'il ne doit pas seulement avoir la force d lion, mais aussi la ruse du renard ?
Je comprends qu’on en soit scandalisé : le seul souci d’un chef d’État devrait être d’agir pour le meilleur dans l’intérêt de ses concitoyens, qu’ils soient ses électeurs ou non. Lorsque Churchill dans son célèbre discours de 1940 promettait aux britanniques « de la sueur du sang et des larmes » (1) il ne se souciait certes pas de son avenir politique. Mais par précaution, admettons quand même que le chef de l’État fasse des choix sanitaires en rapport avec la période électorale actuelle et qu’en début de quinquennat peut-être aurait-il pas fait les mêmes : et alors ? Quelles conséquences ?
Les optimistes diront qu’il importe peu que ces calculs soient politiciens du moment qu’on peut quand même les évaluer à l’échelle de leur efficacité sanitaire : après tout qu’importe ce qui se passe dans la tête du Président - du moment que ça marche ? S’agissant de l’intransigeance, on a vu qu’après sa déclaration musclée du 12 juillet on s’est bousculé dans les vaccinodromes.
Les pessimistes diront qu’il n’y a là qu’une heureuse coïncidence et que l’intérêt électoral reste déterminant – moyennant quoi le seul rôle des élections est de contrôler l’efficacité des dirigeants. Si on ne peut faire mieux que d'élire un corrompu, autant choisir celui qui sera en plus efficace.
« (Par le vote) il s’agit … de savoir si le résultat cherché est atteint, c’est-à-dire si les pouvoirs sont contrôlés, blâmés et enfin détrônés dès qu’ils méconnaissent les droits des citoyens. » écrivait Alain en 1925 (lire ici). Si la duplicité des dirigeants consistait à chercher leur bénéfice personnel par leur efficacité et leur compétence au service de tous, qu’aurions-nous à redire à ça ?
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(1) « I have nothing to offer but blood, toil, tears and sweat » – Premier discours de Churchill en tant que premier ministre devant la chambre des communes le 13 mai 1940
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