lundi 2 août 2021

La force de la loi – Chronique du 3 aout

Bonjour-bonjour

 

Et revoilà le décret qui autorise les deux roues à pratiquer la circulation la circulation « interfile », c’est-à-dire entre deux files de véhicules.

Comme ça :

 

 


 

Tous ceux qui ont quelque peu circulé sur les autoroutes périurbaines, en particulier dans la région parisienne, savent de quoi il s’agit : ces deux-roues qui vous doublent là où vous ne les attendez pas, ont maintenant le droit de le faire, du moins provisoirement et en quelques lieux. 

 

Et là, on s’étonne : sur une file il y a la place pour une voiture, ou pour une moto, mais pas pour les deux en même temps. A moins de décréter que, sur cette file, il y a une autre file virtuelle qui se place dans l’interstice qui sépare cette file de sa voisine. Cet espace, non utilisé parce que les voitures sont généralement moins larges qu’une file d’autoroute, prend alors une existence autonome, elle acquiert une réalité sur laquelle on va pouvoir légiférer. 

- C’est cela qui frappe surtout : pour que la loi s’exerce il faut encore que ce soit sur quelque chose qui existe réellement. Imaginez que par la loi il soit interdit aux fantômes de se balader partout et d’importuner les gens le soir d’Halloween. Ridicule n’est-ce pas ? Hé bien, voilà qu’il devient permis de circuler en moto là où rien n’existait, et qui du coup se met à exister : étrange, non ? 

Sauf si avant de formuler cette loi, une autre était publiée, stipulant que dans chaque file il existe une voie virtuelle susceptible d’être occupée par un deux-roues.

Et là, chapeau bas devant cette force de la loi qui peut légiférer sur l’interstice. Preuve que le législateur peut conférer une existence en séparant en deux une réalité autrefois unique. Cette force est positive si elle permet à ce qui se trouve ainsi isolé d’exister vraiment ; mais aussi négative si elle fait basculer dans le néant ce qu’on sépare, comme lorsque les nazis ont tracé une frontière entre l’humanité et la bestialité à l’intérieur du genre humain désignant ainsi les juifs comme des sous-hommes.

Je sais ! On va me reprocher de me ridiculiser en me soumettant à la loi de Godwin à propos d’un sujet aussi futile. Oui… Mais c’était bien tentant.

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