Bonjour-bonjour
Hier j’arrive pour assister à un spectacle et je suis interpellé par deux hommes, tenue de combat et carrure ad-hoc :
- Votre pass sanitaire s’il vous plait !
Moi, un peu craintif, j’allume mon smartphone et j’affiche mon QR-code. Bien sûr en appuyant sur l’écran on n’affiche que l’image du code histoire de limiter la lecture du texte au seul possesseur du décodeur. Mais pour le contrôleur, c’est cela qui s’affiche :
« TousAntiCovid Vérif » révèle aux professionnels qui l'utilisent quatre informations. Les prénoms, le nom, la date de naissance et la validité du pass sont affichés à l'écran.
Avec d'autres applications de lecture, un simple scan sur une application lambda de lecture de QR Code révèle par exemple le type de pass sanitaire (vaccin, tests) et le nom du vaccin injecté (Pfizer, Moderna, Johnson & Johnson), la date de l’injection. » (Lire ici)
Libre à ceux qui ont l’intimité chatouilleuse d’y voir la divulgation d’informations sensibles. Quant à moi qui cherche à prendre un peu d’altitude, je laisse les cas les plus particuliers à leur place, et je me dis que ce refus du pass ne tient pas à ces infos, mais plutôt à l’usage qui en est fait. Hier quand j’ai franchi allègrement le contrôle j’étais certain que seules des personnes immunisées (en oubliant quand même les simples titulaires d’un test négatif) pouvaient accéder à cet espace. D’où l’idée que la protection des personnes n’est pas l’objectif ce pass : car si nous sommes effectivement immunisés, que nous importe que des gens non protégés nous côtoient ? Ce n’est pas pour nous que cette vérification est faite, mais pour eux. Pour les empêcher de répandre le virus et de faire qu’un cluster ne puisse se créer à l’occasion de réunions publiques.
Et là on comprend le mouvement des manifestants qui crient à la volonté liberticide : on ne protège pas ceux qui ont le pass, puisqu’ils n’en ont pas besoin ; mais on veut empêcher la propagation de la maladie chez les non-vaccinés et pour cela on leur interdit de faire ce que bon leur semble. Alors, certes, l'épidémie constitue une explication de ces mesures. Mais est-elle suffisante? Sans doute, mais la liberté est un principe qui n'admet pas d'exception. Ce qui importe ce sont les conditions philosophiques auxquelles cette restriction des libertés publiques est compatible avec la liberté garantie par la constitution. J'ai déjà évoqué la question (ici) et je n'y reviens pas.
Reste que la liberté c’est aussi un sentiment -avant même d’être un concept.
Quand on lui demande son QR, l’homme de la rue crie instantanément « A bas la police ! »
Le citoyen-philosophe réfléchi d’abord.
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