mercredi 18 août 2021

La solidarité nationale ne prend pas en charge les frais d’orgasme – Chronique du 19 aout

Bonjour-bonjour

Parcourant le récent numéro de la revue 60 millions de consommateurs, je me suis arrêté sur une information concernant le rejet d’une demande d’indemnisation venant d’un homme dont la femme était décédé, victime d’un accident médical.

Deux demandes étaient faites : l’une pour la perte d’assistance ménagère du fait de la mort de l’épouse ; l’autre pour … préjudice sexuel. L’office nationale d’indemnisation des accidents médicaux a répondu favorablement à la première demande et a rejeté la seconde au motif que le préjudice sexuel n’est pas du ressort de la solidarité nationale.

Et c’est là que la chose prend tout son intérêt : si la solidarité nationale accorde un secours lorsque les besoins des citoyens sont menacés, en revanche elle le refuse lorsque c’est leur plaisir qui est en cause. Financer la tambouille et la vaisselle : oui ; rembourser les frais d’orgasme : non. 

Ce jugement un peu sec nous mène-t-il à la conclusion que le « pacte social » n’inclut pas un quelconque droit à la jouissance, et que seules les nécessités vitales communes peuvent être envisagées ?

Peut-être… ou peut-être pas. N’étant pas sûr d’avoir compris, et soucieux d’aller un peu plus loin, je me suis alors tourné vers la solidarité médicale : prenant l’exemple du Viagra, ma question a été de savoir si ce médicament dont la prescription concerne les troubles de l’érection est pris en charge par la sécurité sociale et au cas où il serait remboursé, à quelle fréquence. – Je veux dire : combien d’orgasmes mensuels sont financés par la solidarité nationale ?

La réponse ne s’est pas faite attendre : aucun remboursement du Viagra n’est possible dans les cas ordinaires d’utilisation, c’est-à-dire quand le disfonctionnement érectile n’est pas la conséquence de pathologies spécifiques (sclérose en plaque, séquelles du priapisme, etc. Voir le détail ici). Mais alors que le verdict concernant l’accident médical ci-dessus était un peu sec, ici on a des précisions essentielles : « La présentation du sildénafil (= Viagra) a d’emblée pris la forme d’une réponse thérapeuthique à une pathologie individuelle nouvelle, comme si le dysfonctionnement érectile était indépendant de tout contexte relationnel et affectif. » Les difficultés érectiles lorsqu’elles ne sont pas des pathologies médicales sont la conséquence « de relations personnelles et affectives » : voilà l'essentiel. Moyennant quoi les troubles pour lesquels le Viagra est habituellement prescrit, relèvent d’abord de la conduite personnelle et ne sauraient être à la charge de la collectivité. 

--> On est soulagé d’apprendre qu’il n’y a pas un refus de principe de la solidarité nationale de financer notre libido, mais simplement que cette carence érectile ne figure pas dans la liste des pathologies prises en charge par la solidarité nationale. 

Après tout c’est à chacun de trouver l’âme sœur avec laquelle il se sentira à l’aise.

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