vendredi 21 janvier 2022

Les effets secondaires du vaccin contre le Covid dus au "nocebo" – Chronique du 22 janvier

Bonjour-bonjour

 

Voilà une nouvelle qui ne va pas faire plaisir aux antivax : selon une étude britannique

76% des effets secondaires après une première vaccination seraient un effet nocebo. Lu ici

 

L’effet nocebo, c’est quoi ? Il s’agit comme pour le placebo d’un tour que nous joue notre cerveau. Les effets secondaires liés à la prise d’un médicament sont liés à l’inquiétude d’avoir la malchance d’en souffrir ; nous en développons alors effectivement les symptômes.

Les trois quarts des effets secondaires rapportés sont en effet dus à l’effet nocebo. (1)

 

Occasion de rappeler que notre cerveau joue un rôle prépondérant dans certains phénomènes liés à notre rapport à la réalité. Ainsi de la perception : les illusions d’optiques nous donnent à voir ce que nous sommes habitués à voir et non ce qui se montre effectivement ; de même pour la maladie lorsque la guérison ne dépend pas uniquement de la réalité, mais de ce que nous croyons être réel. 

On ne doit pas s’étonner que l’effet nocebo existe, puisque l'effet placebo existe. Quelle différence ? Dans un cas comme dans l’autre, c’est notre appréciation du réel qui se substitue à la réalité elle-même. Mais c'est beaucoup plus encore : notre appréciation se révèle capable de produire du réel, entendez que nous produisons de véritables symptômes conformes à ce que nous attendions.


- Tentons de généraliser : peut-être que ces effets se manifestent tout au long de notre vie et dans toute sorte de domaines sans que nous le sachions. Exemple : l’amour. Lorsque la personne aimée surgit dans notre vie celle-ci change radicalement : les choses et les gens ne sont plus les mêmes. Ne s’agit-il pas de la production d’une réalité nouvelle et non pas simplement d’une impression ? Ainsi que le dit Lamartine « Un seul être vous manque et tout est dépeuplé ».

Mais non ! Voilà l’essentiel : il y a encore bien des différences entre l’effet placebo/nocebo et le désolément du poète – dans le premier cas le malade est effectivement guéri (ou affecté des symptômes redoutés) : c’est cliniquement vérifié ; alors que dans le second c’est dans l’affectivité du sujet et non dans la réalité que la foule disparait. Personne d’autre que lui ne peut s’en rendre compte. Par contre avec l’effet nocebo, les gens qui ont été vaccinés ont effectivement de la température et des maux de têtes et de la fatigue ; à l’effort leur pouls s’emballe, leur respiration est courte, etc. Ainsi, dans les illusions d’optique on a beau voir que ces lignes paraissent d’inégales longueur, elles restent bien identiques car on peut les mesurer :

 

 


Illusion de Müller-lyer

 

- Que savons-nous du réel ? Je veux croire que si ces lignes sont perçues inégales, elles le sont effectivement. Si je ressens des symptômes après avoir été vacciné, je suis certain d’être malade effectivement. Sauf qu’entre l’impression et la réalité il y a le regard des autres qui s’intercale. Le réel est ce qui est confirmé par les autres – avec dans le cas qui nous occupe les analyses médicales. Ce qui existe réellement n’existe que parce que d’autres le perçoivent aussi.

Qu’on se rappelle le héros du roman de Michel Tournier Vendredi ou les limbes du Pacifique, dont le héros perd le sens du réel simplement parce qu’il n’y a personne pour lui confirmer son existence. C’était aussi la thèse de Sartre : qu’un point de vue sur le monde soit extérieur au mien, et voilà le réel qui ressurgit.

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(1) - Du latin nocebo (« je nuirai »), de nocere (« nuire »), sur le modèle de « placebo ». Substance objectivement inoffensive qui produit un effet secondaire négatif sur la personne qui l’utilise.

- Du latin placebo (« je plairai »). Le verbe latin « je plairai » sous-entend « au médecin-prescripteur », le phénomène psychique de confiance ou de croyance dans la toute-puissance de la médecine étant ici primordial dans la guérison.

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