Bonjour-bonjour
Et ça déferle ! Ça déferle de partout, ça inonde, ça suffoque... De quoi veux-je parler ? Des vœux, bien sûr ! Car voilà l’affaire : ce 3 janvier encore, personne n’a d’autre sujet de conversation, aucun contenu de message que celui-là : « Une bonne, une belle, une heureuse année 2022... » Et ça dégouline, et c’est trop sucré, et ça écœure...
Alors pour ne pas renchérir là-dessus, je vous propose la chose suivante : au lieu de souhaiter plein de machins heureux pour l’année prochaine, retroussez vos manches et allez-y : faites-le vous-mêmes.
Bien. Maintenant reste à savoir ce qu’on va faire pour ça – et donc qu’est-ce qu’on souhaite pour la nouvelle année. Est-ce que par hasard on ne serait pas revenu à notre point de départ ?
- Non, car si je souhaite des beaux jours avec plein d’amis, du soleil et des fleurs partout, j’en suis à mobiliser une armée de fées qui devront œuvrer jours et nuits pour m’exaucer. Au lieu que là, je ne peux rien souhaiter que je ne tente de réaliser moi-même. Ça change pas mal de choses. Comme :
* Peut-on souhaiter d’être aimé des autres ? Irréalisable : l’amour ne se commande pas. Kant le disait : le devoir d’aimer est une absurdité. Reste qu’on peut agir pour être digne d’être aimé.
--> Hé bien faisons ça : pour 2022 rendons-nous digne de l’amour que les autres pourraient nous porter.
* Ne souhaitons plus un monde meilleur :
--> Agissons pour que le monde soit meilleur. Comme Robin-des-Bois en allant braquer les riches pour redistribuer aux pauvres ? Hum... C’est risqué. En sauvant des malheureux bestiaux menacés par la déforestation du Brésil ? Alors achetez une kalach’ et allez dézinguer les garimpeiros et autres capitalistes en Amazonie.
* Devons-nous espérons que les méchants, les vilains, les teigneux qui nous pourrissent la vie chaque jour soient éradiqués ?
Inutile : faisons-le nous-mêmes, puisqu’on a déjà acheté la kalach’
Ça fera du monde en moins ? Et alors : on est déjà bien assez nombreux comme ça : la terre ne peut pas nourrir tout le monde !
--> Finalement tous ces projets sont pires encore que les vœux. Revenons à notre ancienne façon : souhaitons-nous le bonheur et la joie – même si ça passe par l’extermination de la moitié de la planète et par la dictature des riches sur les pauvres ?
Hélas... c’est ça : les projets sont pires que les vœux. Il faut donc s’y tenir, tout en plaçant au premier rang le vœu qu’aucun d'entre eux ne se réalise. C’était du moins ce que nous disait déjà Racine (en 1677) : « Craignez, seigneur, craignez que le ciel rigoureux / Ne vous haïsse assez pour exaucer vos vœux ! » Jean Racine - Phèdre
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