lundi 24 janvier 2022

Métavers : le monde de demain – Chronique du 25 janvier

Bonjour-bonjour

 

De quoi sera fait le monde à venir ? Par-delà l’année qui commence, qui voudrait voir au-delà de l’horizon, devra observer ces confins de l’avenir vers le quel convergent les routes du présent – qui veut voir loin doit regarder de très près ce qui se passe aujourd’hui.

Et aujourd’hui, c’est la firme Meta (anciennement nommée Facebook, nom de la firme de Marc Zuckerberg) qui fait parler d’elle. « Meta se dote du plus puissant « supercalculateur IA au monde » pour créer son métavers » (Lu ici)

Métavers ? C’est quoi ?

« Métavers est cet univers virtuel qui — selon l'entreprise — devrait remplacer l’internet actuel et « où les applications et les produits basés sur l’IA joueront un rôle important ». Grâce aux énormes capacités de calcul de RCS, Meta espère pouvoir créer « les technologies fondamentales qui feront fonctionner le métavers ».

Un métavers, c’est donc un univers au-delà du monde physique, un monde virtuel. Le terme est utilisé pour décrire des espaces en ligne persistants et partagés, accessibles au travers d’interactions en 3D. (Lire ici)

Concrètement on peut, muni d’un écran, ou mieux d’un casque de réalité virtuelle, faire évoluer un avatar (ou se déplacer soi-même avec le casque) dans un environnement qui obéit à des lois spécifiques, qui n’ont possiblement rien à voir avec la réalité-réelle (sic). Dans cet environnement on peut aussi « rencontrer » d’autres personnes réelles, qui sont elles-aussi soumises aux mêmes règles – un peu comme un joueur de scrabble en ligne peut jouer avec pour partenaire un autre joueur qu’il ne connait pas, mais qui lui aussi respecte les règles du scrabble.

Pour le moment ce dispositif sert principalement à fournir un environnement où un traducteur surpuissant traduit en temps réel les échanges entre deux personnes qui ne parlent pas la même langue. Désormais un touriste japonais vous demandera son chemin en vous téléphonant – bien sûr il ne sera qu’à un mètre de vous, là, sur le bord du trottoir. Mais vous l’entendrez en français et lui vous recevra en japonais : voilà un outil qui rapproche les hommes – parfait.

Mais soyons un peu plus attentifs : le monde virtuel dans le quel à terme nous évoluerons grâce au métavers sera strictement organisé par les machines à Intelligence Artificielle. Tout imprévu et surprenant que ce soit, ce sera en réalité l’effet d’une super machine qui, suivant une logique préconçue aura combiné ce dispositif. Alors que notre monde réel évolue selon des lois qui ne nous impliquent pas – comme les animaux vivent leur univers sans aucun rapport avec le nôtre, quoique qu’il soit « physiquement » le même – ici nous serons dans un monde « unidimensionnel » dans lequel tout sera intégré à notre propre univers. Je prends un exemple : dans La panthère des neiges, le film de Vincent Munier avec Sylvain Tesson, les animaux des hauts plateaux du Tibet ont des règles de vie complètement différentes des nôtres. On peut les comprendre (ils doivent comme nous se nourrir, se reproduire, vivre avec les autres animaux) mais jamais notre monde ne peut rencontrer le leur. Qu’est-ce que vivre comme la panthère des neiges ? Nous ne le saurons jamais et pourtant l’animal est bien là, qui nous regarde peut-être sans même que nous le sachions. 

 


La Panthère des neiges, film réalisé par Marie Amiguet et Vincent Munier

 

- On voit où je veux en venir : il s’agit de ce que certains philosophes ont nommé « le mystère du monde » : jamais je ne pourrai épuiser la profondeur du monde qui m’entoure dès lors qu’il n’a pas été conçu exclusivement par moi et pour moi. Dans la « nature » (entendez, celle dont l’existence est indépendante de l’être humain) existe une profondeur que je n’aurai jamais fini d’explorer. Comme le montre Husserl, on expérimente chaque jour l’étrangeté du monde, et c’est cela que le métavers élimine inexorablement.

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