mardi 25 janvier 2022

Docteur Tantpis ou docteur Tantmieux ? – Chronique du 26 janvier

Bonjour-bonjour

 

Des mauvaises nouvelles, ce matin, il n’y a que ça ! L’Ukraine à deux doigts de l’invasion russe ; le covid, annoncé chaque jour au bord de l’extinction et qui chaque jour bat des records ; le prix des carburants qui, après ceux du gaz et de l’électricité, crève le plafond des prix. Et même du côté des peoples, ça ne va pas non plus : Florent Pagny atteint d’un cancer du poumon ; Evan Rachel Wood, violée lors d’un tournage – sans oublier le malheureux Gaspard Ulliel... 

Tout ça, c’est super flippant, ultra lacrymal : tirez les kleenex ! Comment trouver une actualité un peu plus souriante sans devenir le ravi de la crèche ? 

 

 

Pour être heureux quand rien ne va, ne faut-il pas en effet être un simplet, crétin et idiot à la fois... N’y a-t-il donc plus aucune place pour l’optimisme ?

 

- Tentons une solution, qui consiste à tirer gloire et fierté de notre lutte héroïque contre ces pitoyable nouvelles. Un exemple ? La loi qui vient d’être votée à l’unanimité pour lutter contre les « thérapies de conversion », nom donné à ces pratiques inhumaines supposées « guérir » les personnes LGBT en leur imposant l'hétérosexualité. Occasion pour le Président de dire sa fierté et son optimisme devant cette réaction de nos élus : « La loi interdisant les thérapies de conversion est adoptée à l'unanimité ! Soyons-en fiers, ces pratiques indignes n'ont pas leur place en République. Parce qu’être soi n’est pas un crime, parce qu’il n’y a rien à guérir » (Lu ici). Si le Président est ravi, pourquoi pas nous ?

Et donc : c’est parce qu’il y a des ignobles individus qui martyrisent des malheureux homosexuels que devient possible cette réaction du pouvoir : le crime est une valorisation du châtiment. Mais on peut aller plus loin : Durkheim considérait les crimes comme utiles parce qu’ils donnent l’occasion de montrer que certains changements sociaux sont possibles (1). Après tout, aux yeux de la loi athénienne  Socrate était bel et bien un délinquant.

Mais il y a plus : tous les malheurs qui frappent les hommes ne viennent pas seulement des délits : maladie, accidents, injustices sans être des agressions sont quand même des malheurs. Nous empêchent-ils d’être heureux ? Le stoïcien dira non, puisque tout cela est naturel, donc tout cela est bon. 

Et si l’on refuse le stoïcisme ? Alors reste le relativisme pour qui le bonheur n’est rien d’autre que la suppression d’un malheur. C’est d'ailleurs une banalité de dire que l’on est heureux quand on se compare aux plus malheureux que soi.

- Pas de bien sans mal ; pas de beauté sans laideur et pas de justice sans injustice. Nous n’évaluons le bien que par le mal évité ; et le mal que par la perte d’un bien. Retour du Ravi de la crèche ? Si l’on veut, mais alors il faut dire que Spinoza en est un, lui qui affirme que la joie résulte du passage d’un état donné à un autre jugé supérieur.

Et donc : le covid nous envahit ? tant mieux, nous n’en serons que plus heureux quand il sera vaincu. L’énergie est trop chère ? Ah... Ces soirées à lire à la chandelle au lieu de regarder cette télé toute pourrie. Notre malheureux Gaspard Ulliel est mort ? Non, il est devenu une étoile de plus qui brille dans le firmament.

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(1) Lire le texte de Durkheim ici

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