Bonjour-bonjour
Un récent sondage le confirme : en France (comme ailleurs dans le monde) les inégalités économiques se creusent, avec des riches toujours plus riches ; et toujours plus de pauvres – encore plus pauvres.
Occasion de le redire (1) : la théorie du ruissellement selon laquelle les riches enrichissent les pauvres par leur participation à l’activité économique, ne tient pas. Il faut plutôt imaginer un système de vases communicants : certains ne peuvent s’enrichir qu’à la condition de détourner des ressources qui auraient dû soutenir la vie d’autres gens – qui deviennent de ce fait de nouveaux pauvres.
Alors que la théorie du ruissellement suppose que la fortune des riches produit de nouvelles ressources qui vont par débordement, retomber sur les classes inférieures, ce qu’on observe ici, c’est que la richesse représente une masse constante qui se répartit de façon variable au cours du temps.
Qui a raison ? Personne sans doute parce que la question est mal posée : il ne s’agit pas seulement de s’intéresser à la circulation des richesses, mais bien à l’origine de leur accroissement. Dans l’article référencé, nous citions la parabole des talents : il s’agit bien pour Jésus de montrer qu’il est possible de faire fructifier nos dons au nombre des quels se trouve la richesse, qui peut donc elle aussi prospérer et dès lors entrer dans le circuit économique profitant à l’ensemble de la société. Le maitre de la parabole ne faisait rien par lui-même ; mais ses serviteurs tiraient quand même bénéfice de la fortune de leur maitre. En irait-il de même aujourd’hui ?
C’est au 18ème siècle que la question de l’origine de la fortune s’est posée : alors que les physiocrates affirmaient que la prospérité ne pouvait venir que de la terre (2), d’autres comme Adam Smith soutenaient que c’est le travail des hommes qui permettait cet enrichissement. Et là, le capitaliste réagit : pour que les hommes s’enrichissent il faut qu’ils travaillent. Et donc ce que les riches peuvent faire pour les pauvres, c’est les embaucher dans leurs usines.
Nous serions donc d’accord avec la parabole biblique ? « Nos riches » seraient vertueux quand, au mépris de la tempérance, ils se gobergent dans des restaurants dont le repas coute si cher qu’il suffirait à nourrir une toute une armée (du salut) ; quand ils roulent en Bugatti que le PIB du Mali ne pourrait suffire à payer ; quand leurs épouses arborent des bijoux Cartier ou des accessoire Vuitton – car ils font travailler des hommes qui sans cela seraient réduits à la misère.
Comme on le sait, Voltaire bavait d’admiration devant la vertu du luxe, pendant que Rousseau s’étranglait d’indignation : le débat ne date pas d’hier. Simplement nous avons le recul : après trois siècles de capitalisme la misère n’a pas disparu dans le monde.
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(1) Nous avions abordé ce sujet dans ce récent article
(2) L’argument était le suivant : si je plante un seul grain de blé j’en récolterai un grand nombre – et ces nouveaux grains pourront à leur tour se démultiplier dans la terre.
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