mercredi 19 janvier 2022

Pas de long terme sans court terme – Chronique du 20 janvier

Bonjour-bonjour

 

Que diriez-vous, pour commencer la journée, d’une pensée philosophico-politique ? Vu comme ça ce n’est guère engageant, je vous l’accorde. Mais quand je vous aurai soumis le thème peut-être serez-vous plus enthousiaste ?

Écoutez ça : « Il n’y a pas de long terme là où il n’y a pas de court terme » – François Hollande 

Hum... Je vous vois perplexe : « Qu’est-ce que ça veut dire ? Vous n’auriez pas un exemple par hasard ? »

Un exemple ? Tenez, en voilà un : sur la politique énergétique, la production de l’électricité suppose des choix à long terme – éventuellement très long même, si on y inclut le temps nécessaire à l’extinction des risques provoqués par les déchets des centrales nucléaires. Les décisions prises aujourd’hui sont déterminantes pour de longues dizaines d’années à venir, qu’on pense à l’impact environnemental des centrales construites il y a 50 ans.

- Long terme donc. Mais en même temps, décider de relancer cette filière c’est poser dès maintenant le problème du stockage des déchets en question. C’est maintenant qu’on doit vivre-avec, qu’on les enfouisse ou qu’on les stocke en plein air. C’est dans le court, très court terme même qu’on va devoir soit limiter drastiquement notre consommation d’électricité soit accepter de vivre au pied de ces monstres de béton et de neutrons

 

On voit à présent plus clairement ce que signifie la pensée de François Hollande : quand vous prenez une décision dont la portée est lointaine, vous devrez assumer ses conséquences le jour même de votre décision. Cette remarque vaut principalement lorsqu’on serait tenté d’oublier le court terme comme si on pouvait décider aujourd’hui et payer la note après-demain.

La tentation est alors de ne rien décider du tout ne serait-ce que pour ne pas ajouter une difficulté de plus à celles qui se bousculent déjà dans notre présent.

Mais la non-décision est déjà une décision, et même s’ils sont infimes, ses effets se feront sentir dans l’actualité. On l’a vu avec la question de la réforme des retraites repoussée par les gouvernements successifs au prix d’une dette qui explose aujourd’hui même.

 

 Sartre avait raison : ne pas choisir, c’est déjà un choisir.

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