L’État : ni loup ni agneau – Chronique du 11 janvier
Bonjour-bonjour
Notre actualité est depuis plusieurs mois déchirée entre les anti-pass qui manifestent contre la dictature dont ils s’estiment victimes et les revendications des entreprises et des travailleurs qui réclament d’avantage d’aides en raison de leur perte d’activité.
On dira : « Tout ça, c’est une histoire de fric. L’État n’est qu’un tiroir-caisse qui n’est apprécié qu’en fonction de l’argent qu’il distribue » Et de rappeler que les réductions d’impôts sont largement signalées, bien plus que les augmentations.
- Mais ne nous égarons pas : il ne s’agit pas seulement de cela, car entre secours et contrainte nous sommes pris entre deux fonctions majeures de l’État. Ce que Paul Valéry caractérisait de la façon suivante : « Si l’État est fort, il nous écrase ; s’il est faible, nous périssons. » Et il ajoutait : « C’est une question de dosage » - nous étions en 1930 et il faisait allusion aux États démocratiques comparés aux totalitarismes.
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Conçu comme une structure destinée à protéger la société contre les forces extérieures qui la menacent mais aussi contre ceux qui, issus de la société elle-même, peuvent remettre en cause son autorité, l’État est donc à la fois indispensable et dangereux. Car quel pouvoir va contrôler le pouvoir souverain ? Les Gilets jaunes ont résolu à leur façon le problème en décrétant qu’en votant, le peuple souverain n’avait pas abandonné ses prérogatives et qu’il pouvait donc imposer ses volontés au pouvoir politique qui n’est selon eux rien d’autre qu'un exécutant. Ce à quoi d’autres ont rappelé que la démocratie représentative était un régime où le peuple détient le pouvoir une fois tous les cinq ans. (1)
- Ce que nous vivons à l’heure actuelle, avec les agression des élus de la nation qui font écho aux violences des Gilets jaunes qui allaient jusqu’à menacer de ressortir la guillotine des sans-culottes, n’est rien d’autre que la mise à l’épreuve d’une des solutions imaginées pour résoudre ce problème propre aux démocraties : « Comment le pouvoir souverain doit-il être exercé pour qu’il conserve sa puissance afin d’œuvrer pour le bien public sans se laisser affaiblir par ... » - par qui au fait ? Par les citoyens déçus des mesures prises en leur faveur par leurs élus ? Mais qui peut déterminer ce qu’est « le bien public » ? Les élus du peuple ou bien le peuple lui-même ?
Et en cas de désaccord, qui donc doit trancher ? Les urnes ? Ou bien les élus ont-ils le droit de faire le bien du peuple contre la volonté du peuple ? (2)
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(1) Une démocratie est un régime où l’on croit qu’il est possible de déléguer le pouvoir souverain, mais que dans ce cas cette délégation impliquait un abandon de souveraineté à la fois total et en même temps limité dans le temps.
Ce que conteste l’ouvrage de Jean Bodin Les six livres de la République édité en 1576. Bodin est le théoricien de l’absolutisme : il définit ce pouvoir comme étant celui qui ne peut ni se déléguer ni se fragmenter. Il élabore le concept clé de l’État moderne dont l’existence se définit par la souveraineté, et dont l’attribut principal est la « puissance de donner et casser la loi ». Lire ici
(2) Sur ce sujet on pourra lire ma chronique d’hier.
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