jeudi 6 janvier 2022

Nous aussi, les mecs, nous pouvons être victimes d’hominicide – Chronique du 7 janvier

Bonjour-bonjour

 

Le féminicide n’existe pas aux yeux de la loi. En lisant cette observation, on sursaute : les meurtres perpétrés sur des femmes parce qu’elles sont des femmes sont légion. Pourquoi le nier ?

Les faits divers glané dans le presse depuis le 1er janvier le prouvent aisément :

* À Strasbourg : une femme de 87 ans grièvement blessée, son mari introuvable

* Le féminicide à Nice : ouverture d’une information judiciaire pour assassinat

* Déjà deux féminicides le premier jour de 2022

* En jugement : le féminicide de Mérignac.

Alors que demander de plus ? 

 

Ce qu’on peut préciser, c’est que le féminicide c’est à dire le fait de tuer une femme, une fille en raison de son sexe, ne figure pas dans le droit pénal français. Il est remplacé par l’homicide qui définit le fait de causer la mort d'un ou de plusieurs êtres humains.

Serions-nous de nouveau en présence de cette particularité de la langue française qui enrôle sous le terme d’« homme » tous les êtres humains, quel que soit leur genre - et qui en outre désigne l’être masculin?

 

- Voyons de plus près. Déjà notons que les faits criminels qu’ils soient désignés ou non comme « féminicides », sont des crimes déjà reconnus et punis comme tels. 

Il s’agit du meurtre de femmes ou de jeunes filles lié au fait qu’elles sont des femmes. Le caractère genré du motif doit être présent. Une femme tuée dans le cambriolage d’une banque ou par un chauffard ne peut pas être de facto considérée comme victime d’un féminicide. Le meurtrier n’est pas nécessairement un homme.

--> On lit dans cet article du Monde qu’en France, le terme « féminicide » est officiellement entrée en 2014 dans le vocabulaire du droit et des sciences humaines, mais pas en tant que tel dans le code pénal où il est remplacé par différentes catégories de crimes ou délits : le sexisme (reconnu depuis janvier 2017 parmi les circonstances aggravantes d’un crime ou d’un délit). De même, les violences conjugales qui étaient déjà implicitement concernées dans la description d’autres circonstances aggravantes : la vulnérabilité liée à l’« état de grossesse » ou le meurtre perpétré par le conjoint, concubin ou partenaire de pacs, étendue aux anciens partenaires, depuis une loi de 2010 (article 221-4).

Toutefois, ces formulations (sexe, conjoint, partenaire) s’appliquent aussi à des crimes commis contre des hommes. Il n’existe donc pas de catégorie juridique spécifique pour les meurtres de femmes.

Explication (citée dans le même article) : plusieurs pénalistes sont contre l’instauration du « féminicide » (alors même que le parricide ou l’infanticide ont disparu du code pénal en 1994), soit parce que ce type de crime serait difficile à caractériser, soit parce qu’il risquerait de rompre l’égalité devant la loi

Et c’est là que je souhaite en venir : le fait qu’il n’y ait pas « d’hominicide » au sens de meurtre d’homme dû au fait qu’il s’agit d’une personne du genre masculin est-il, par rapport au délit de féminicide, une rupture d’égalité ? Oui, sans doute : si on distingue le meurtre des femmes en tant que femmes, pourquoi ne pas parler du meurtre d’hommes en tant qu’ils sont des hommes ? A moins de dire que ça n’existe pas ?

Mais supposons qu’on accepte d’ajouter au code pénal la catégorie d’hominicide, alors les lesbiennes vont protester : il y a sûrement des délits commis spécifiquement à leur encontre. Et alors, que vont dire les gays ? Et les trans ? Et puis voici les musulmans, victimes d’islamophobes...

Préparons-nous à ajouter un volume de plus au code pénal.

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