jeudi 30 mars 2023

Primum vivere deinde laborare* – Chronique du 31 mars

Bonjour-bonjour

 

A l’heure où la crise ouverte par le recul de l’âge de départ en retraite soulève la question du rapport au travail, et en liaison avec le mouvement de démission issu du confinement dû au covid, il est utile de revenir sur le cas de la crise que traverse la restauration du fait de la difficulté de recruter des employés. 

« Plus personne ne veut bosser » constatent les restaurateurs, particulièrement du fait de la coupure entre les services qui stérilise une journée entière sans compensation de salaire. (Lire ici)

 

> Toutefois on constate que la question des salaires limite le sens de ce désintérêt pour ces emplois : « C’est un métier qui est très prenant et très physique. Le salaire que l’on propose n’est pas suffisant » déclare Adeline qui s'occupe du service aux personnes dans le cadre d’évènements privés, principalement le midi (art. cité). Autrement dit, il suffirait de remonter les salaires pour faire monter également l’intérêt pour le travail.

 

> Mais on peut aussi y voir une attitude de refus du travail qui prive de vivre la seule vie qui vaille : « Les gens se sont désintéressés du travail au profit d’une vie plus tournée vers les loisirs, vers la famille, vers sa personne. L’argent est moins important. Aujourd’hui, les personnes veulent une autre vie. Ils en ont marre des métiers qui accaparent tout leur temps », ajoute un gérant de restaurant.

 

C’est là que les théoriciens se réveillent : il faut, disent-il redonner du sens au travail, ne pas lui laisser le statut d’activité aliénante, consentie sous la contrainte. Mais bien sûr, ça ne concerne pas les malheureux sous-smicards qui vivotent au seuil de pauvreté tout en travaillant : eux, ils  ne contestent pas l’emploi qu’ils ont péniblement arraché pour vivre. Ils n’ont aucune marge de manœuvre pour changer d’emploi et accéder à une activité mieux rémunérée ou mieux organisée. 

Et c'est sous cette condition qu'on peut estimer que, du haut au bas de la société, tous les travailleurs mettent la qualité de leur vie avant la rémunération. Qu’on pense aux jeunes médecins qui refusent les horaires démentiels de leurs ainés, ou les ingénieurs qui chipotent lorsque les entreprises qui proposent de les embaucher ne sont pas assez « vertueuses ».


« Donner du sens au travail ». Bien. Mais est-ce possible lorsque ce travail n’est qu’un labeur, qui transforme l’homme en bête de somme – ou en simple machine ? Ne faut-il pas plutôt donner d’abord du sens à la vie, et ensuite voir si le fait de travailler est compatible avec cela.

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* D’abord vivre, ensuite travailler

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