Bonjour-bonjour
Je lis cet article qui s’interesse aux « chanteurs de manifs », ceux qui réclament la satisfaction de leurs revendications (ou encore l’inévitable « démission de Macron »), en pastichant le répertoire de Johnny Halliday ou les tubes de J-J Goldmann. S’agit-il d’un folklore, d’une habitude prise simplement pour « prendre la lumière » en attirant les caméras de la télé ?
On aurait tendance à le croire, mais on aurait tort.
- Tort parce que depuis le 18ème siècle Beaumarchais a pointé ce fait : « En France, tout finit par des chansons » (1) même lorsqu’il s’agit d’agitation populaire. C’est ce que Chamfort exprimait lui aussi : « Le gouvernement de France est une monarchie absolue tempérée par des chansons. La chanson politique a toujours été un sport national. Souvent très bien tolérée, elle permet, par son effet cathartique de faire passer dans un sourire ce qui semblerait insupportable si l'on n'avait plus le droit de critiquer. »
On dira que la situation politique d’aujourd’hui n’a rien à voir avec ce qu’elle était à l’époque de Beaumarchais. Certes. Mais, même si la censure n’existe plus de nos jours, la chanson politique et revendicatrice reste un moyen de garder le sourire – elle aurait même comme l’avance Chamfort, un effet cathartique.
Autre chose : cette continuité de chansons entre le 18ème siècle et aujourd’hui souligne la parenté de nos manifestants avec les sans-culottes de la Révolution. C’est même un leitmotiv des manifestant depuis les Gilets-jaunes : la revendication de la souveraineté populaire, brocardée par Emmanuel Macron qui oppose la foule au peuple, est bien raccord avec les idées de 89.
Seuls les manifestants de 68 n’ont pas recherché cette filiation : il est vrai qu’on cherchait à l’époque à s’inscrire dans une trajectoire marxiste.
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(1) Voir la dernière réplique du Mariage de Figaro - et aussi : « Or, Messieurs, la Co-omédie Que l'on juge en cet instant, Sauf erreur, nous en pein-eint la vie du bon peuple qui l'entend. Qu'on l'opprime, il peste, il crie ; Il s'agite en cent fa-açons ; Tout finit par des chansons... »
Beaumarchais, Le Mariage de Figaro, V, 19 (1784) (C’est aussi une chanson à écouter ici)
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