samedi 4 mars 2023

J’entends le coq chanter – Chronique du 5 mars

Bonjour-bonjour,

 

Pour résoudre le problème des incommodités des villes, Alphonse Allais proposait de les reconstruire à la campagne. Ça a fait beaucoup rire, et puis peu à peu on a fini par prendre cette boutade au sérieux. Vous ne me croyez pas ? Lisez plutôt :

« Plaintes contre les meuglements de vaches ou le chant du coq... le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti a annoncé ce vendredi 3 mars que la majorité allait porter un texte de loi pour éviter aux agriculteurs des "faux procès" quand leur activité dérange le voisinage. »

Voici donc le fait : « Confrontés à l'arrivée de "néoruraux", les agriculteurs se plaignent de voir leur activité entravée par les plaintes de riverains qui leur reprochent de traiter leurs champs, salir les routes, moissonner la nuit ou vouloir agrandir leur exploitation. »

Contre cela, le garde des Sceaux passant sur le stand de la FNSEA, au Salon de l'agriculture, a ironisé : « Pardon pour la caricature, mais c'est le Parisien qui vient s'installer près d'une ferme. C'est un rêve bucolique qui pour lui se transforme en cauchemar quand il entend le coq chanter ».



 Avant de conclure : « L'idée c'est qu'un voisin ne peut pas se plaindre de nuisances qui préexistent à son emménagement. [...] C'est pas à vous (de) faire l'effort »

 o-o-o

- Compris, les néoruraux ? Ce n’est pas vous qui allez dire aux paysans comment ils doivent vivre et avec quoi ils vont faire leur métier. Pour eux, le télétravail, ça n’existe pas : c’est les deux pieds dans le fumier et les mains dans le purin que ça se passe. La campagne, ce n’est pas un lieu de loisirs où on vient coucher de temps à autre. C’est le seul endroit où on puisse vivre, parce que c’est là qu’on doit travailler. Si les urbains travaillent en ville et vivent à la campagne c’est que cela leur est possible. Par contre qui veut travailler dans les champs doit y vivre.

Faut-il donc énoncer de pareilles banalité ? Peut-être dans la mesure où on constate que les ruraux tendent à se barder de techniques visant à faire leur travail mieux qu’eux et sans eux. 

– Nous évoquions il y a peu ces agriculteurs qui, juchés sur leur tracteurs, surveillaient non pas leur champ mais l’écran de leur GPS pour s’assurer que les intrants sont bien diffusés là où ça convient. Eh bien dans peu de temps, des drones feront cette surveillance que le paysan-technicien contrôlera à distance… du fond de son studio boulevard Raspail. 

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